Le premier Sud-Africain noir gardien de la Constitution

Publié le 8 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Il leur manquait encore la Cour constitutionnelle. Les Noirs en Afrique du Sud ont repris, depuis 1994, la majorité des pouvoirs politiques et administratifs de leur pays. Mais le système judiciaire est resté largement aux mains des Blancs.

Depuis le 30 avril, onze ans après la fin de l’apartheid, l’équilibre entre Noirs et Blancs s’est rétabli symboliquement au sein du système judiciaire sud-africain. Thabo Mbeki a nommé Pius Nkonzo Langa président de la Cour constitutionnelle (Chief justice of South Africa). Le 1er juin, il remplacera Arthur Chaskalson, au côté duquel il assure les fonctions de vice-président depuis 2001, et deviendra le premier Noir à occuper le poste de garant de la Loi fondamentale de 1994.
Pius Langa, qui officie comme juge au sein de l’organe suprême depuis octobre 1994, a déjà annoncé vouloir accélérer les réformes en cours au sein de la justice de la nation Arc-en-Ciel. Cet homme aux tempes grisonnantes, aux lunettes qui lui mangent la moitié du visage, devra user de toute son influence, car, depuis quelques mois, la polémique fait rage sur le racisme qui prévaut dans les tribunaux, entre juges blancs, encore majoritaires, et avocats noirs de plus en plus nombreux. En 1994, 161 juges sur 166 étaient blancs. Dix ans plus tard, ils n’étaient plus que 128, contre 73 Noirs (61 hommes et 12 femmes). Mais l’évolution se fait trop lentement dans un pays où les Noirs représentent plus de 70 % de la population.

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Pius Langa est bien placé pour le savoir : il est parti de rien, et s’est acharné à défendre les droits de ses frères pendant l’apartheid. Né en 1939 dans le Transvaal oriental, il commence à travailler à 18 ans dans une usine textile tout en suivant des cours de droit par correspondance. En 1960, il obtient sa licence et trouve un emploi comme traducteur au ministère de la Justice. Il gravit peu à peu les échelons de la hiérarchie, devient procureur. En 1977, il est avocat à la Cour suprême (la deuxième institution judiciaire du pays après la Cour constitutionnelle), dans la province du Natal. Il y passera plus de quinze ans à défendre les « petits » militants ou les syndicats que le pouvoir blanc accuse d’atteinte aux « lois sur la sécurité ». Il est aussi membre actif de l’United Democratic Front (UDF) et fait partie du comité constitutionnel de l’ANC. À l’étranger, il a présidé la commission – qui porte son nom – d’observation des élections au Lesotho en 1998 et a participé à l’élaboration des projets de Constitution au Sri Lanka, au Zimbabwe, au Rwanda et en Tanzanie.
Aujourd’hui, ce sexagénaire d’expérience va affronter la tâche, plus dure de sa longue carrière : apaiser le malaise au sein du système judiciaire qui empêche encore la nation Arc-en-Ciel de vivre totalement en paix avec elle-même.

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