La menace Taylor

Publié le 8 mai 2005 Lecture : 2 minutes.

Le premier procureur du Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), David Crane, accuse Charles Taylor, l’ex-président libérien en exil au Nigeria depuis août 2003, d’avoir organisé la tentative d’assassinat contre le président guinéen Lansana Conté en janvier dernier. Le magistrat, ancien avocat pour le département d’État américain, affirme détenir les preuves que l’homme armé qui a tiré sur Conté à Conakry a bénéficié du soutien de l’ancien dictateur libérien. Le TSSL a déjà retenu contre Taylor dix-sept chefs d’accusation, notamment pour crimes contre l’humanité pour avoir soutenu les rebelles dans la guerre qui a causé la mort de dizaines de milliers de personnes en Sierra Leone. Malgré les demandes répétées du TSSL de faire comparaître Taylor, le chef de l’État nigérian, Olusegun Obasanjo, souhaite attendre que ce soit le gouvernement libérien qui sera mis en place au lendemain de l’élection présidentielle prévue en octobre prochain qui en fasse lui-même la demande.

Mais « la tentative d’assassinat sur Conté montre que Taylor est une réelle menace pour la paix et la sécurité internationale », a prévenu David Crane. Le chef de guerre devenu président est au coeur du conflit qui a déstabilisé son pays pendant plus de dix ans. Il a accepté de démissionner de la présidence quand le Nigeria, désirant éviter un nouveau bain de sang alors que les factions rebelles s’approchaient de Monrovia, la capitale, en 2003, lui a offert l’asile.
Aujourd’hui, selon les spécialistes de l’Afrique de l’Ouest qui s’inquiètent de l’état de santé du général Conté et du vide que sa mort risque de laisser à la tête de l’État, la Guinée, un des maillons les plus faibles de la région, pourrait servir de nouvelle base à Taylor pour lancer une guerre régionale.

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Un document du Tribunal spécial pour la Sierra-Leone, dont le Financial Times a obtenu copie, indique que Taylor, qui s’est déjà échappé de détention aux États-Unis en 1985, aurait contrevenu aux conditions de son asile au Nigeria en se rendant à Ouagadougou, au Burkina Faso, en février 2005 pour y rencontrer ses anciens collaborateurs, notamment Francis Galawolo, un avocat libérien qui veut présenter sa candidature à l’élection présidentielle. Les autorités nigérianes ont pourtant assuré qu’elles ne laisseraient jamais Taylor quitter la ville portuaire de Calabar, où il est censé rester en résidence. « Il n’y a pas une once de vérité dans ces allégations », a affirmé Rémi Oyo, le porte-parole de la présidence nigériane.

Le document soulève également des inquiétudes sur les projets de Taylor, qui viseraient à renverser le président Laurent Gbagbo. À l’époque où il était à la tête du Liberia, la Guinée et la Côte d’Ivoire ont toutes deux soutenu l’un ou l’autre des mouvements rebelles libériens en lutte contre son régime. Les partisans de la ligne dure au sein du gouvernement ivoirien pensent d’ailleurs que Taylor et le gouvernement burkinabè sont derrière les rebelles qui ont attaqué le nord et l’ouest du pays lors de la tentative de coup d’État en septembre 2002.

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