À votre bon coeur, Messieurs les Arabes !

Publié le 8 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Dix-huit ans après son inauguration par François Mitterrand et l’ex-secrétaire général de la Ligue arabe Chedli Klibi, l’Institut du monde arabe (IMA) se débat à nouveau dans de sérieux ennuis financiers. Incapable de boucler son budget (environ 20 millions d’euros pour 2006), le centre culturel franco-arabe, implanté en plein coeur de Paris, quai Saint-Bernard, risque d’être acculé à remercier une partie de ses 160 salariés et à réduire sensiblement ses activités.
Pour éviter ce scénario catastrophe, Yves Guéna (83 ans), le président de l’institut, relayé par le directeur général, l’Algérien Mokhtar Taleb-Bendiab (73 ans), ont multiplié, ces dernières semaines, les appels au secours à l’adresse de Paris et des capitales arabes, censés, initialement, supporter les charges du fonctionnement de l’institution culturelle à hauteur respectivement de 60 % et de 40 %. Sensible à ce « cri de détresse », le ministère français des Affaires étrangères a débloqué, le 21 décembre, 2 millions d’euros, en sus de sa contribution annuelle (8,7 millions d’euros). Un geste assorti d’une double condition : limiter les dépenses et obtenir un « effort » similaire des pays arabes qui, jusqu’ici, font la sourde oreille. La plupart d’entre eux s’en tiennent en effet à la lettre d’un arrangement arrêté en 1996 avec la direction de l’institut en vertu duquel ils étaient dispensés à l’avenir de verser leurs contributions annuelles pour avoir payé (en bonne partie) leurs arriérés. À l’époque, on pensait que la somme ainsi dégagée – qui a servi à créer un fonds de dotations de 40 millions d’euros – allait produire des intérêts suffisants pour compenser la participation des parties arabes. Il n’en fut rien. Aujourd’hui, ce fonds rapporte à peine 1,5 million d’euros. Il y a également des gros contributeurs arabes qui n’ont même pas payé leurs dettes vis-à-vis de l’Institut. C’est le cas notamment de l’Irak, mais aussi de la Libye, qui rechigne à débourser ses 13 millions d’euros d’arriérés.
Autre cause de cet étranglement financier : depuis 1991, la subvention du Quai d’Orsay n’a pas augmenté d’un centime. Ayant établi cette anomalie, les rédacteurs d’un rapport de la très officielle Inspection générale des finances avaient pourtant exhorté, en novembre, l’État français à revaloriser cette contribution de 2,6 millions d’euros. Car personne, en ces temps de crispations entre l’Occident et l’Islam, n’a vraiment intérêt à voir compromise la mission de ce véritable « pont culturel » entre le monde arabe et l’Europe, qui attire chaque année un million de visiteurs et dont les recettes propres couvrent presque la moitié des dépenses.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires