Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 8 janvier 2006 Lecture : 7 minutes.

Marcel, sévère et amical
L’hommage que J.A.I. a rendu à Marcel Péju (voir le n° 2344) le dépeintparfaitement. L’eût-il lu qu’il aurait eu son petit sourire amical, même si ses critiques étaient parfois bien sévères. J’adresse mes condoléances à sa famille et à toute l’équipe du magazine.

Hommage à Marcel Péju
Je voudrais exprimer ici ma considération et mes respects pour ce grand homme de culture et d’histoire que fut Marcel Péju. Ses articles sur le Proche- et le Moyen-Orient ont toujours été d’une objectivité exemplaire. Avec sa disparition, nous perdons une très grande bibliothèque, comme on dit en Chine. Mes sincères condoléances à ses proches et à l’équipe de J.A.I.

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La microfinance, pour qui ?
Le professeur de droit Rashmi, de la Northeastern University aux États-Unis, a relevé les limites de la microfinance (voir J.A.I. n° 2343). En effet, ce n’est pas une panacée, mais je ne suis pas d’accord sur le fait que le microcrédit devrait concerner les personnes les plus modestes. Il ne s’adresse pas aux pauvres, mais à ceux qui ont une activité ou un projet économique susceptible de leur procurer des revenus. Je suis
convaincu qu’il peut devenir une alternative crédible au financement bancaire, notamment
en Afrique.

De la dame de fer au savoir-faire des dames
Dans J.A.I. n° 2341, trois pages étaient consacrées à Ellen Johnson-Sirleaf, présidente
du Liberia, première femme au pouvoir en Afrique. Un signal fort est envoyé aux chefs d’État africains : la gestion de la res publica ne sera donc plus l’affaire des seuls hommes. Je ne suis pas féministe, mais je pense que le moment est arrivé de laisser faire les dames. En RD Congo, depuis l’indépendance, la gestion du pays a été une catastrophe. Il est temps que les femmes rompent le silence et s’engagent pour un nouvel ordre politique et institutionnel.

Travail forcé et zoos humains
Je trouve que ce que vous écrivez dans l’article « Survivances coloniales» (« La vie des livres », J.A.I. n° 2337) est aberrant. D’une part, parce que c’est en partie faux, d’autre part parce que cela ne fait qu’attiser la haine entre les peuples. Que dire des Anglais qui n’ont pas été tendres avec leurs colonies, c’est le moins qu’on puisse dire ? Ils devraient au minimum s’arracher les cheveux et se repentir tous les jours de l’année… Quant aux Américains, qui n’ont pas totalement réglé leurs problèmes avec les Noirs, ils devraient être brûlés vifs comme au Moyen Âge…!
Que la France ait eu des torts, comme d’avoir abandonné les harkis, personne ne peut le nier, mais les formulations « travail forcé », « zoos humains », « esclavage », « l’inconscient colonial français qui maintient les immigrés et leurs enfants dans un statut de sujets » me laissent pantois. Le fait que les Français aient construit des hôpitaux, des écoles, des routes, des habitations (habitations qui, durant le dernier tremblement de terre en Algérie, sont restées debout), évidemment cela ne compte pas. Je suis écurée par votre article qui ne construit rien, qui n’apprend rien, mais qui dresse sûrement les gens les uns contre les autres.
Réponse : Cet article ne fait que reprendre des formulations utilisées dans les ouvrages commentés ou lors de déclarations publiques. Cela ne veut pas dire que l’auteur de l’article les prend à son compte. Quoi qu’il en soit, si l’idée d’un « inconscient colonial français » peut se discuter, les termes « travail forcé », « esclavage » et même
« zoos humains » renvoient à des réalités historiques incontestables.

Vers un nouveau sommet Europe-Afrique
J’ai lu avec l’intérêt habituel l’éditorial de Béchir Ben Yahmed du 10 décembre dernier
(J.A.I. n° 2344). Il y écrit : « J’espère que quelqu’un osera proposer qu’un sommet Europe-Afrique se réalise tous les deux ans. » Je suis d’accord avec lui, mais j’aimerais
apporter une précision. L’idée du sommet a été avancée par le gouvernement portugais en 1996. En 2000, le premier sommet a eu lieu au Caire (le Portugal détenait la présidence
de l’Union européenne). Un deuxième aurait dû avoir lieu au Portugal, deux ans après. La question du Zimbabwe nous a fait traîner jusqu’à aujourd’hui Avant de quitter mon poste de ministre des Affaires étrangères au début de cette année, mon collègue et ami égyptien et moi-même avons adressé à nos homologues africains et européens une lettre proposant une
feuille de route pour relancer l’initiative. Le ministre Abu Gheit était disposé à accueillir dans son pays une réunion préparatoire du sommet au niveau des ministres des
Affaires étrangères. La volonté existe. Question d’opportunité ?

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Y a-t-il un scandale Péan ?
Fidèle lecteur depuis 1990, je vous remercie pour votre intégrité. C’est la première fois que je me décide de vous écrire. Motif ? Vos appréciations sur Noires fureurs, blancs menteurs, le dernier livre de Pierre Péan (voir J.A.I. n° 2343). Dans une région où le mensonge et la calomnie ont établi leur demeure depuis des années, voire des siècles, il est regrettable que vous soyez si catégorique dans la défense du général Kagamé et de ses alliés.
Si vous décortiquez les dossiers concernant les trois anciennes colonies belges, Congo, Rwanda et Burundi, vous finirez par donner raison à M. Pierre Péan pour son courage de crier tout haut ce que beaucoup n’osent pas dire, malgré les multiples preuves qui éclatent au grand jour.

Liberté, égalité, fraternité
Il faut donner du travail à nos jeunes des banlieues, qui ne demandent que cela, et apprendre aux autres, à l’école, la valeur du travail. Bref, il est plus qu’urgent de
montrer aux étrangers et aux jeunes qu’on veut les insérer dans le monde du travail et dans notre société, afin que liberté égalité et fraternité signifient quelque chose et qu’ils cessent d’être désespérés.

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Mohamed Talbi et la Septante
Je remercie votre journal pour les publications régulières des textes de Mohamed Talbi. Je ne suis pas musulmane, mais catholique non pratiquante. Cependant, je lis cet homme
que je trouve d’une intelligence rare, hors du commun. J’aimerais le rencontrer : va-t-il parfois en France ? Peut-on lui écrire ou lui téléphoner ? Pourquoi n’a-t-il pas accès à la Septante [traduction grecque de la Bible hébraïque]? J’aimerais bien que vous lui
transmettiez mon courrier, il faut que je parle d’une façon ou d’une autre à cet homme
extraordinaire. Que Dieu lui prête longue vie. Il mérite d’être au Panthéon, s’il en
existe en Tunisie.
Réponse : Nous transmettons votre courrier à Mohamed Talbi.

L’affaire Habré et nous
L’affaire Hissein Habré (voir J.A.I. n° 2343) est très importante pour nous, les Africains. En effet, il faudrait que certains de nos dirigeants comprennent qu’ils ne peuvent plus prendre leurs peuples impunément en otage, qu’ils ne peuvent plus violer les
droits de l’homme sans que personne, dans leur pays, n’ose protester sous peine de se retrouver en prison.
Une Charte africaine des droits de l’homme et des peuples a été adoptée, créant ainsi une Cour africaine du même nom. Il est temps que l’Union africaine utilise ces instruments juridiques. L’UA sera plus crédible et les dirigeants actuels sauront qu’ils pourront avoir un jour à répondre de leurs actes. Cette épée de Damoclès les incitera sûrement à être plus attentifs à leurs peuples et à mieux respecter les institutions de leur pays.

Philosophie ou politique ?
Alain Finkielkraut est-il un néoréac? Non, c’est un réac qui se révèle jour après jour. Est-il républicain ? Oui, de sa « blanche république », qu’il verrait purgée de ses Blacks fauteurs de troubles et autres Beurs empêcheurs de tourner en rond. Avant que Finkielkraut ne lui emboîte le pas, le premier à s’être publiquement interrogé sur la
« couleur » de l’équipe de France de football fut Jean-Marie Le Pen. Le jour de la finale de la Coupe du monde, en 1998, au lieu de communier avec la nation et vibrer à l’exploit des Bleus, le président du FN avait raillé l’équipe black-blanc-beur et fustigé la France bigarrée. Il semble avoir fait des émules. Quand un intellectuel fait le funambule sur nos banlieues avec ses déclarations politiques dans les médias israéliens et sur les plateaux de télévision français, il dérape et risque la chute. Philosophie ou politique, il faut choisir.

On refait le match
Dans le n° 2346-2347, il est dit que Thomas Nkono a disputé la finale de la Coupe de l’UEFA en 1987. En fait, la confrontation a eu lieu face au Bayer Leverkusen en 1988. À l’aller, à Barcelone, les coéquipiers de « Tommie » s’étaient imposés 3-0. Alors que tout le monde les voyait déjà brandir la belle C3 [la coupe de l’UEFA, NDLR], les Allemands renversèrent la vapeur, remettant d’abord les compteurs à zéro (3-0) puis s’imposant aux tirs au but par 4-3. Je m’en souviens comme si c’était hier. J’ai eu mal pour Tommie. Chapeau quand même à ce très grand homme et bel hommage au Cameroun qui, en même temps, a su gérer deux gardiens de but d’immense valeur, quasiment « jumeaux » (Joseph-Antoine Bell est plus âgé que Tommie d’un an seulement) et surtout deux très fortes personnalités.
Le papier de Faouzi Mahjoub doit nous pousser à réfléchir sur le véritable gaspillage que constitue la non-utilisation de nos champions africains, qui ne demandent pas de contrats
mirobolants, alors que les fameux expatriés, appelés naïvement « sorciers blancs », saignent sérieusement nos finances, avec la complicité des dirigeants. Avec, à la clé, des résultats honteux. Nos fédérations nationales de football se comportent exactement
comme nos ministères et certaines de nos grandes entreprises, payant des dizaines de millions (de F CFA ou autres) des « coopérants », des « conseillers en communication » et autres cabinets d’audit, alors que nombre d’Africains diplômés, et même surdiplômés, jouent les vigiles sur les Champs-Élysées, ou encore apportent leur science à des
entreprises occidentales. Très bonne et heureuse année 2006 à l’équipe de J.A.I. et à tous les lecteurs de l’hebdomadaire.

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