Magdi Ayoub Iskandar

Publié le 8 janvier 2006 Lecture : 2 minutes.

Un copte dans le haut commandement territorial. L’information était à la « une » des quotidiens cairotes du lundi 2 janvier. La veille, le président Hosni Moubarak avait en effet nommé Magdi Ayoub Iskandar à la tête du gouvernorat de Qena en Haute-Égypte. Crâne dégarni, nez camus et lunettes épaisses, ce général de police avait déjà gravi presque tous les échelons de l’administration centrale du département de l’Intérieur. Jusque-là, il était l’adjoint d’Habib al-Adly, le détenteur de ce portefeuille ministériel.
Cette désignation n’est donc pas, à proprement parler, une promotion pour ce grand commis de l’État. C’est plutôt une mesure symbolique comme l’ont relevé, à juste raison, les médias égyptiens : depuis trente ans, aucun membre de cette minorité chrétienne, qui représente entre 6 % et 10 % des 73 millions d’Égyptiens, n’a pu accéder au poste de gouverneur. Il faut remonter à 1974, année où l’ancien président Anouar al-Sadate avait confié le gouvernorat du Sud-Sinaï à un autre général de la même religion, Fouad Aziz Ghali, l’un des héros de la guerre israélo-arabe d’octobre 1973.

Depuis que Moubarak est au pouvoir, plusieurs chrétiens cependant ont été membres du gouvernement. C’est le cas notamment de l’ancien secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali, qui a été pendant de longues années secrétaire d’État aux Affaires étrangères, et de Youssef Boutros-Ghali, actuel ministre des Finances et unique copte parmi les 444 membres élus du nouveau Parlement.
En plaçant Magdi Iskandar à Qena, le raïs a voulu, en réalité, rassurer les chrétiens qui se plaignent, depuis quelques années, d’une « excessive marginalisation » dans leur propre patrie et s’alarment de la récente montée en puissance des Frères musulmans. Il tient également compte de l’intérêt américain pour la question. Il y a quelques semaines, Washington a en effet abrité les assises du Congrès international copte, dont les initiateurs sont très critiques à l’égard du Caire. Moubarak a d’ailleurs fait un autre geste de rééquilibrage à l’égard des coptes : sur les dix députés que la loi l’autorise à nommer, cinq sont issus de cette minorité confessionnelle. Est-ce suffisant ? « Non », répondent les animateurs coptes du Centre Kalima pour les droits de l’homme, qui réclament, entre autres, l’accès de leurs coreligionnaires à des postes de commandement au sein de l’armée et de la police, mais aussi l’assainissement des médias publics où des tenants du discours intégriste véhiculent, selon eux, une « culture de la haine » dont les coptes seraient les premières victimes.

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