Hakim el-Karoui

Publié le 8 janvier 2006 Lecture : 3 minutes.

Neveu de Hamed el-Karoui, ancien Premier ministre et actuel vice-président du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD, au pouvoir en Tunisie), ainsi que d’Ahmed Ben Salah, ancien ministre de l’Économie et des Finances sous Habib Bourguiba, Hakim el-Karoui est né en France d’un père tunisien musulman, professeur à la Sorbonne, débarqué à Paris en 1958, et d’une mère protestante de l’est de la France, universitaire elle aussi.

Français d’origine tunisienne, agrégé de géographie, diplômé de l’École normale supérieure de Fontenay, celui qui a prêté sa plume, de 2002 à 2005, à l’ex-Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin est aujourd’hui, à près de 34 ans, conseiller auprès de Thierry Breton, ministre français de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.
Le 13 décembre, Hakim a effectué un déplacement de quelques heures à Tunis, où il a animé un déjeuner-débat sur les problèmes d’intégration des Français d’origine étrangère, organisé par l’Association des Tunisiens diplômés des grandes écoles (Atuge). Il est attendu de nouveau dans la capitale tunisienne en mai prochain pour animer un colloque sur l’Euro-Méditerranée que son association, le Cercle du XXIe siècle, organisera en collaboration avec l’ancien président de l’Assemblée nationale française et actuel Premier président de la Cour des comptes, Philippe Seguin, natif de Tunis.
Hakim a commencé à s’intéresser aux problèmes des Français d’origine étrangère avant les récents événements des banlieues en France. C’est Raffarin qui l’a encouragé à se pencher sur la question. « Jusqu’à une date récente, il n’y avait pas de pensée sur ce sujet ni d’administration pour s’en occuper. L’attention de l’État français était essentiellement portée sur l’accueil des migrants et leur accompagnement social », fait remarquer le jeune fonctionnaire. Le débat sur le port du voile à l’école a eu le mérite de faire apparaître au grand jour la difficulté de l’intégration des Français d’origine étrangère.
Au concept d’intégration, qui sous-entend que « nous ne sommes pas considérés comme Français », Hakim préfère cependant celui d’« égalité des chances ». « Face à l’incompréhension suscitée par le mot « intégration » chez ceux qui sont des Français à part entière parce que nés en France, nous avons décidé de distinguer deux situations : pour les primo-arrivants, nous parlons d’intégration ; pour les Français d’origine étrangère, nous parlons d’ »égalité des chances ». C’est plus clair », explique-t-il. Mais il s’agit, dans son esprit, d’une égalité sans artifices ni passe-droits. Et, surtout, sans quotas.
Pour que cette promotion « républicaine » fondée sur le mérite puisse fonctionner, il faut impulser une nouvelle dynamique qui conduise l’État, les entreprises, les associations et l’ensemble du corps social à faire l’effort d’aller chercher les compétences des Français d’origine étrangère. « Le vrai sujet, c’est donc l’accès au réseau, à ceux qui décident, à ceux qui recrutent : c’est aussi à eux d’aller vers ces Français puisque souvent ils n’arrivent pas à atteindre le stade de l’entretien d’embauche. Mais il faut du volontarisme. Que l’on parle ensuite de « discrimination positive », de « mobilisation positive », de « volontarisme républicain » a peu d’importance », explique Hakim el-Karoui.

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C’est pour rendre possible cette « dynamique fondée sur la richesse de la diversité » que le Franco-Tunisien a fondé, début 2004, avec Rachida Dati, conseillère de Nicolas Sarkozy, et Béchir Mana, conseiller de Jacques Chirac, le Cercle du XXIe siècle : un réseau de jeunes issus de la deuxième voire de la troisième génération de l’immigration, venus d’horizons ethniques divers. Ils sont médecins, chercheurs, banquiers, chefs d’entreprise ou hauts fonctionnaires. « Ils ne sont ni de droite ni de gauche, mais de droite et de gauche », dit Hakim, qui explique qu’ils militent ensemble pour un changement de l’« image négative » des Français issus de l’immigration et pour rendre plus visibles leurs parcours de réussite. Le sien est l’illustration que l’intégration à la française fonctionne malgré tout.

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