Figures de la constestation interne
Publié le 8 janvier 2006 Lecture : 1 minute.
Ils sont sortis des entrailles du système et symbolisent désormais la dissidence interne au régime de Tripoli : Fathi al-Jahmi et Abdel Razak al-Mansouri. Âgé de 64 ans, le premier était délégué au Congrès fondamental du peuple, instance de base de la « démocratie directe » instaurée dans la Jamahiriya. C’est justement lors d’une délibération publique, le 19 octobre 2002, qu’il dénonce « le blocage et la corruption du système » tout en soutenant que seule « l’instauration d’un système constitutionnel pluraliste » peut sortir le pays de l’impasse.
La réaction des autorités ne se fait pas attendre. Fathi al-Jahmi est enlevé par des éléments de la sécurité libyenne et sera détenu au secret pendant plus d’un an. Sous la pression conjuguée des organisations de défense des droits de l’homme, des États-Unis et de l’Union européenne, Kadhafi le relâche le 12 mars 2004. Mais, à peine libéré, le dissident persiste et signe. Dans une interview accordée à la chaîne satellitaire Al Arabiya, il réitère ses positions en faveur du respect des libertés individuelles et publiques en Libye. Le « Guide » est pris d’une telle colère que la « satisfaction » exprimée par le président Bush en personne à propos de l’élargissement de Jahmi n’arrivera pas à tempérer son courroux. Le 26 du même mois, Fathi, sa femme Fawzia et leur fils aîné Mohamed sont mis aux arrêts. Depuis, leur sort est dans le flou.
Comme celui d’Abdel Razak al-Mansouri, l’autre figure emblématique de la contestation interne. Libraire et collaborateur régulier du journal électronique Akhbar Libya lancé par l’opposition en exil, ce dernier, âgé de 52 ans, a été interpellé à Tobrouk, à l’est du pays, au début de 2005. Sauvagement torturé, il a été condamné le 19 octobre dernier à dix-huit mois de prison ferme après avoir été inculpé pour « détention sans autorisation d’un pistolet ». Ce qui prouve, selon Reporters sans frontières (RSF), que, « sous le règne du colonel Kadhafi, tous les moyens sont bons pour faire taire les voix dissidentes ».
