Pillards en uniforme

Publié le 7 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

En uniforme, en groupes, parfois acheminés sur place par camions, les soldats zimbabwéens ont, au début de décembre, multiplié vols et pillages. Exaspérés de ne pouvoir retirer dans les banques plus de 500 millions de dollars zimbabwéens par jour – tout juste de quoi acheter une banane ! -, ils s’en sont pris aux agents de change illégaux, qui, dans les rues de Harare, troquent « ZI dollars » contre devises étrangères, et ont mis à sac des magasins, emportant vêtements et nourriture.
Pour endiguer l’anarchie, le pouvoir a dû faire appel à la police et à ses réservistes. Jamais jusqu’à présent l’armée zimbabwéenne, réputée pour sa discipline et son organisation, n’avait ainsi fait la démonstration de son mal-être.
Robert Mugabe, qui depuis longtemps dirige le pays avec un groupe de généraux, a toujours fait figure de chef incontesté des forces de l’ordre et de la défense. Même si elle a été brève, la révolte des troufions constitue donc un tournant dans la crise. Désormais, le chef de l’État le sait : il peut être trahi par la troupe.
« Comme les autres Zimbabwéens, les soldats ont faim. Un jour viendra où le régime ne pourra plus les contenir et ce sera la fin de Mugabe », analyse le politologue John Makumbe. « Il y a quelques semaines encore, de telles scènes auraient été inimaginables, c’est la base du pouvoir de Mugabe qui s’effondre », confirme un ancien militaire. Mais d’autres observateurs sont plus nuancés. À les en croire, le pouvoir a volontairement laissé les soldats déverser leur colère sur les agents de change et les commerçants, accusés d’être à l’origine de l’inflation, pour éviter qu’ils ne s’en prennent à lui.
Depuis le début du mois, une nouvelle vague de répression s’abat sur le Zimbabwe. Des médecins, des infirmières, des syndicalistes sont arrêtés. Jestina Mukoko, une militante des droits de l’homme, a été interpellée chez elle, le 3 décembre au petit matin.
Après avoir doctement recommandé aux Zimbabwéens d’éviter de se serrer la main pour contenir l’épidémie de choléra, le gouvernement a fini par reconnaître l’ampleur de la crise et décrété l’état d’urgence sanitaire. Il est vrai que le pays est dans un état de délabrement indescriptible.

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