Mina Agossi, la Björk du jazz

Elle ne fait aucune concession, joue « comme elle est », de façon sincère, sensuelle et envoûtante. Rencontre.

Publié le 7 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

La chanteuse franco-béninoise Mina Agossi est une grande dame. À 36 ans, elle impressionne par la maîtrise qu’elle a de sa vie, de sa voix, de son image. Jamais, dit-elle, elle ne laissera arrangeurs ou producteurs rogner une once de sa liberté créatrice. « Je ne suis pas une savonnette, affirme-t-elle. Je n’existe pas en bleu ou en jaune. Je veux jouer ce que je suis. »
Actuellement en tournée mondiale1, celle que l’on surnomme la Björk du jazz, en raison d’un style singulier, fait sauter tous les canons traditionnels. Dépouillée, sa musique est chaude, organique. « Être sur une scène a une dimension érotique, orgasmique », aime-t-elle répéter.
Simple Things ?, son huitième album, sorti au printemps 2008, a été enregistré avec une formation réduite. La basse enveloppante d’Éric Jacot, la batterie aux aguets d’Ichiro Onoe, les percussions aériennes de Manolo Badrena. Exit le piano : « C’est un choix depuis mes débuts. Quand je compose, je n’entends que la basse et la batterie. » Un comble pour celle qui a confié sa carrière au pianiste américain Ahmad Jamal, séduit par tant d’audace. Volontairement intimiste, sa musique n’hésite pourtant pas à se frotter au répertoire de Jimi Hendrix, à celui des Pink Floyd, avec un mélange étrange de sonorités des mondes celtiques et vaudous.
Car l’Afrique ne perd jamais ses enfants de vue. Bien qu’elle soit née à Besançon, en France, en 1972, c’est sur les bords de la cité lacustre de Ganvié, au Bénin, pays de son père (assassiné au Gabon en 1997), que se perd son inconscient.
De Porto-Novo à Cotonou en passant par Ouidah et la déportation de deux millions d’esclaves, elle est retournée dans son pays, émue, en 2006, pour y retrouver sa tante, ainsi que le montre le reportage que la chaîne Arte lui a consacré2.
Un de ses rêves est de se produire au Bénin, « le seul État où je n’ai pas chanté en Afrique ! ». Chose apparemment plus complexe que de jouer à New York, où elle s’est produite, le 3 novembre, sur la scène du Blue Note.
Mais Edgar Kpatindé, conseiller spécial du président Yayi Boni, se démène actuellement pour concrétiser ce projet. Puisse ce dernier aboutir, pour le plus grand bonheur des Béninois. S’il vous plaît, Monsieur le Conseiller, encore un effort !

1. Mina Agossi sera en concert notamment les 26 et 27 décembre, au Sunside, à Paris.
2. Mina Agossi, une voix nomade, de Jean-Henri Meunier, 2007, 52 minutes.

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