L’éternel retour

Huit ans après, la politique américaine au Proche-Orient se répète, estime Aluf Benn dans le quotidien israélien Haaretz.

Publié le 7 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

À la Maison Blanche, le président George W. Bush a organisé, le 24 novembre, une triste cérémonie d’adieu pour le Premier ministre Ehoud Olmert. Dans le Bureau ovale, les deux hommes ont échangé des remerciements pour… les occasions manquées. Merci pour le soutien que vous avez apporté à la solution des deux États, a dit Bush à Olmert. Merci pour la guerre en Irak qui a éliminé une grave menace qui pesait sur nous, a répondu Olmert. Seule la faible présence des médias trahissait le fait que les deux dirigeants allaient bientôt devoir laisser leur place.
Pour un peu, on se serait cru revenu huit ans en arrière. À l’époque, déjà, un Premier ministre israélien en fin de parcours tentait de conclure avec les Palestiniens et l’aide d’un président américain presque arrivé au terme de son mandat un accord de paix historique. Ce à quoi le dirigeant palestinien, ne jugeant pas ledit accord satisfaisant, s’opposait. Déjà, Israël était menacé d’un retour de la droite au pouvoir. Déjà, le chef du gouvernement faisait preuve d’une grande ténacité, tandis que la population n’attendait plus qu’une chose : son départ.

« L’offre que je fais au président de l’Autorité palestinienne va plus loin que tout ce qui a été proposé aux Palestiniens dans le passé, a dit en substance Olmert à Bush. Dans peu de temps, ni vous ni moi ne serons plus là. Et Mahmoud Abbas ne cache pas son intention de prendre sa retraite. Seule façon de mettre fin au conflit, la solution des deux États est en danger. Faisons un dernier effort. » C’est exactement ce qu’Ehoud Barak disait à Bill Clinton il y a huit ans.
Aujourd’hui, Bush veut terminer son mandat sur un accord israélo-palestinien et montrer aux critiques que c’est sa politique qui a permis de faire la paix. Mais il sait qu’il a peu de chances d’y parvenir. Abbas explique aux Américains qu’il lui est difficile d’accepter la proposition d’Olmert, parce qu’il redoute que le prochain gouvernement rejette l’accord. Olmert propose qu’Israël accueille un nombre symbolique de réfugiés, ce que Tzipi Livni, le chef de la diplomatie, refuse. S’agissant de Jérusalem, son offre (division des quartiers sur une base ethnique, arbitrage international sur les Lieux saints) paraît aux Palestiniens vague et peu praticable.
Comme Yasser Arafat avant lui, Abbas sera convié à une visite d’adieu à la Maison Blanche. Et, de nouveau, on murmure que, pour surmonter l’entêtement palestinien, le mieux serait de passer par les pays arabes. Si l’Égypte, la Jordanie et l’Arabie saoudite insistent, alors, bien sûr, Abbas n’aura d’autre choix que d’accepter la proposition d’Olmert

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