Algérie : Eni dans la tourmente de Saipem

Alors que le domicile et le bureau de Paolo Scaroni, l’administrateur délégué du géant pétrolier italien, ont été perquisitionnés la semaine dernière, de nouvelles révélations chiffrent à 197 millions d’euros le pot-de-vin qui aurait été versé à des personnalités algériennes. Au centre de cette affaire, un mystérieux intermédiaire franco-algérien, Farid Noureddine Bedjaoui.

L’affaire remontera-t-elle jusqu’à Paolo Scaroni, administrateur du géant italien ? © AFP

L’affaire remontera-t-elle jusqu’à Paolo Scaroni, administrateur du géant italien ? © AFP

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Publié le 13 février 2013 Lecture : 2 minutes.

L’une des plus importantes sociétés d’ingénierie pétrolière mondiale bientôt en vente ? C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre Paolo Scaroni, administrateur délégué du géant pétrolier italien Eni, à propos de sa filiale (43%) Saipem, lors d’une conférence de presse à New York hier. Ce n’est « pas la priorité du moment », a-t-il précisé, mais Saipem, visée par une information judiciaire sur des pots de vin versés à des responsables algériens entre 2007 et 2009, pour décrocher des contrats auprès de la Sonatrach d’une valeur totale de 11 milliards de dollars (notamment pour la construction du gazoduc Medgaz), serait de plus en plus encombrante : la police italienne en est venue à perquisitionner le domicile et le bureau de Paolo Scaroni, visé par une enquête pour « corruption internationale ».

Un virement de 197 millions d’euros

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Au cours de leurs investigations, les carabinieri ont ainsi remonté la piste d’un virement effectué par Saipem à une société basée à Hong Kong, Pearl Partners Limited, et appartenant à Farid Noureddine Bedjaoui, un franco-algérien, neveu de l’ancien ministre des Affaires étrangères Mohamed Bedjaoui. L’homme aurait été chargé d’arroser des responsables algériens de la Sonatrach et du gouvernement. Montant du virement : 197 millions d’euros.

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De leur côté, les autorités algériennes, face au scandale grandissant, ont également ouvert une information judiciaire auprès du pôle pénal spécialisé de Sidi M’hamed afin d’identifier les personnalités algériennes ayant reçu ces dessous de table. La presse algérienne se fait déjà l’écho de gardes à vue des principaux anciens responsables de la Sonatrach au moment des faits. Elle se penche aussi sur le cas de Farid Bédjaoui, dont le nom apparaît dans de nombreux dossiers, dont l’autoroute Est-Ouest. Selon Le Soir d’Algérie, qui a publié son parcours, l’intermédiaire aurait détourné jusqu’à 800 millions de dollars à travers ses affaires en Algérie. Une fortune investie dans l’immobilier en France, en Espagne, au Moyen-Orient ou encore au Canada, poursuit le quotidien.

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Démissions

En Italie, les mis en cause sont avares de commentaires. Paolo Scaroni, lié à Bédjaoui par une rencontre aux côtés de son directeur Afrique du Nord Antonio Vella, et en présence de l’ancien ministre de l’Énergie Chakib Khelil, dans un hôtel parisien, assure « je n’ai rencontré cette personne qu’une fois dans ma vie, juste pendant quelques minutes. (…) Il m’a été présenté comme le secrétaire spécial du ministre algérien de l’Énergie. Je ne l’ai plus jamais revu. » En décembre, le directeur financier d’Eni avait jeté l’éponge, tandis que le patron Pietro Franco Tali démissionnait.

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Cotée à Wall Street, la société italienne risque de faire l’objet d’une enquête du Department of Justice américain si les soupçons de corruption sont confirmés. La Securities & Exchange Commission, le gendarme de la Bourse, pourrait lui infliger une amende dun montant maximum de 1,75 milliard de dollars.

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