Matières premières : quelques hypothèses pour 2013

Comment vont évoluer les cours internationaux cette année ? Cette question est cruciale pour de nombreux pays africains tournés vers les mines, les hydrocarbures ou l’agriculture.

Selon les estimations d’Ecobank, le baril devrait se stabiliser autour de 100 dollars en 2013.@ DR

Selon les estimations d’Ecobank, le baril devrait se stabiliser autour de 100 dollars en 2013.@ DR

Publié le 22 février 2013 Lecture : 4 minutes.

Ralentissement économique en Europe, inquiétude budgétaire aux États-Unis, niveau de la demande chinoise, comportement des producteurs, risques géopolitiques… Autant d’éléments qui vont peser sur les cours internationaux des matières premières en 2013. « Ils sont déjà à un niveau élevé mais, par rapport à l’année 2012, nous anticipons un léger reflux », souligne Philippe Chalmin, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine et président de Cyclope, une société d’études spécialisée dans les matières premières. Sans jouer les Nostradamus, revue de détail des principales orientations à retenir pour cette année.

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Or Valeur refuge ?

Produit notamment en Afrique du Sud, en Mauritanie, au Mali et en RD Congo, l’or est attendu en hausse (plus de 2 000 dollars l’once en 2013, soit 1 475 euros) par 80 % des dirigeants de sociétés aurifères interrogés par le cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers. Mais Philippe Chalmin ne partage pas l’avis des producteurs : « Nous tablons sur une baisse de 4 % du prix moyen de l’once d’or en 2013 par rapport à 2012, malgré l’intérêt des particuliers asiatiques et des banques centrales et la faiblesse des taux d’intérêt américains. L’or est déjà cher, nous ne le voyons pas à 2 000 dollars l’once, car nous prévoyons une reprise économique aux États-Unis et une croissance en Chine de 9 %. » Suivant ce scénario, le statut de valeur refuge du métal jaune perd de sa superbe.

Pétrole Marché nerveux

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L’or noir, actuellement autour des 117 dollars le baril de brent et très important pour l’Algérie, l’Angola, la Libye ou encore le Nigeria, devrait voir son cours diminuer légèrement, comme le prévoit Philippe Chalmin : « En l’absence de crise géopolitique majeure, nous pensons que le baril de brent évoluera autour des 100 dollars. Le pétrole est abondant dans le monde, et le marché reste bien approvisionné. » Paul-Harry Aithnard, directeur de la recherche du groupe panafricain Ecobank, voit également l’or noir à ce niveau : « Selon nos estimations, le pétrole devrait se stabiliser autour de 100 dollars cette année. La croissance de la demande sera plus faible que les années précédentes, en raison du ralentissement en Europe et d’une croissance américaine qui ne dépassera probablement pas 2 %. » Toutefois, il faut préciser que le marché du pétrole reste particulièrement nerveux.

Les opérateurs sont en effet à l’affût de la moindre nouvelle négative pouvant affecter les cours. « Au niveau des risques pesant sur l’offre, nous surveillons attentivement les aléas géopolitiques, les découvertes de grands gisements, les accidents opérationnels sur les sites pétroliers et les sources alternatives d’énergie comme le développement du gaz de schiste aux États-Unis », explique Paul-Harry Aithnard.
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Cuivre Doutes à long terme

Très dépendant de la demande chinoise, le cours du cuivre devrait se maintenir, sans toutefois atteindre les niveaux connus en 2010, année qui l’avait vu franchir le seuil record des 10 000 dollars la tonne. Léopold Michallet, analyste au sein de la société de gestion parisienne Prim’ Finance, explique : « L’offre de cuivre est en déficit, d’après plusieurs organismes internationaux. La production a du mal à suivre, en raison de teneurs en minerai plus faibles, de l’augmentation des coûts de production et de la multiplication des grèves. De l’autre côté, la demande chinoise reste forte, soutenue par les grands projets de transports ferroviaires et de réseaux électriques. Ces éléments soutiendront les cours du cuivre à court terme, tout comme la reprise économique aux États-Unis. » Et de poursuivre son analyse : « Pour le second semestre, la tendance est plus incertaine. Le ralentissement en Europe, conjugué aux problèmes des finances publiques américaines, peut freiner et infléchir les prix du cuivre. »

Fer Débouchés chinois

Nécessaire à la fabrication de l’acier, le minerai de fer est très présent en Afrique (Congo, Gabon, Guinée, Liberia). Malheureusement, le continent joue un rôle faible dans la formation des prix, contrairement à la Chine : « Le cours du fer devrait progresser de 9 % en raison de la demande chinoise, qui représente 60 % des importations mondiales », note Philippe Chalmin. À court terme, l’agence de notation Fitch Ratings estime que la flambée du cours du fer observée depuis début décembre 2012 (+ 30 %) va s’interrompre en raison de la faiblesse du marché de l’acier, son principal débouché.

Blé, cacao… Aléas météo

Les prix des principales matières premières agricoles (blé, maïs, soja) vont varier en fonction de la pluie et du beau temps, comme à l’accoutumée. Aux États-Unis et en Russie, les semis de blé d’hiver sont d’ores et déjà dans une situation critique, ce qui risque de ne pas faire les affaires des deux plus gros importateurs mondiaux que sont l’Algérie et l’Égypte. Enfin, pour le cacao, cher au premier producteur mondial, la Côte d’Ivoire, « nous attendons une augmentation de 5 % des prix, en raison d’un déficit probable de l’offre causé par de fortes pluies en Afrique de l’Ouest », conclut Philippe Chalmin. C’est l’un des rares produits sur lequel la Chine n’a pas d’influence. 

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