Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 7 novembre 2004 Lecture : 6 minutes.

Ce que femme veut…
Habitant de la République démocratique du Congo, je lis avec grand plaisir Jeune Afrique/l’intelligent chaque fois que je tombe sur un de ses exemplaires. En parcourant la rubrique « Ce que je crois » du numéro 2284 (daté du 17 octobre), j’ai découvert ce qui suit : « Chaque femme fertile a des enfants de deux hommes (au moins) qui transmettent leurs gènes à ses enfants. Et c’est elle qui choisit en secret le mâle (autre que son mari) avec lequel elle accepte de s’accoupler. » Cette phrase dépasse mon entendement, et je vous demande, pour y voir plus clair plus, si la polyandrie est inhérente à toute femme fertile.
Réponse : Bien sûr que non. Mais les chercheurs dont nous avons cité les travaux soutiennent que c’est une réalité historique qu’il ne faut pas ignorer. B.B.Y.

Pourquoi elles prennent des amants
Je souhaite apporter un commentaire à l’éditorial de B.B.Y. intitulé « Des hommes et des femmes » (J.A.I. n° 2284). Chez nous en Afrique, l’homme n’est jamais « stérile ». Lorsqu’une femme constate que c’est son époux qui ne peut pas lui donner d’enfants, elle essaie d’en faire en cachette avec quelqu’un d’autre. De plus, si son époux n’est pas sexuellement à la hauteur de ses exigences, elle prend un amant (avec qui elle peut avoir un enfant par accident). Et comme dans beaucoup de villages on ne tolère pas le divorce, elle reste mariée tout en ayant un ou plusieurs amants. Oui, la femme pratique la « polyandrie » en cachette, alors que l’homme pratique la polygamie sans se cacher, car la société accepte difficilement la polyandrie. Tout comme l’homme, la femme a besoin d’être épanouie sur le plan sexuel. Tout comme l’homme, la femme polyandre obéit à l’instinct animal. Actuellement, dans mon pays, beaucoup d’hommes ont perdu leur travail et sont au chômage. Leurs épouses se trouvent souvent obligées d’avoir un amant riche (pas forcément grand, fort, mystérieux ou étranger) pour subvenir aux besoins de la famille.

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Choqué
En tant que musulman croyant et pratiquant, j’ai été choqué par l’article intitulé « L’érotisme au coeur de l’islam » paru dans votre n° 2249 du 15 février 2004. Même si vous ne croyez pas en une religion, ne diffamez pas son Prophète, car tout ce que vous avez écrit est faux. Je vous suggère de demander des excuses à la communauté musulmane et de prier pour que Dieu vous pardonne.
Réponse : Nous n’avons exprimé aucune conviction personnelle dans l’article que vous incriminez. Nous nous sommes contentés de rendre compte du contenu d’un ouvrage, Le Sexe d’Allah, dont certains aspects, il est vrai, peuvent choquer, mais qui a le mérite de poser des questions importantes telles que la sexualité et les rapports hommes-femmes dans les sociétés islamiques actuelles. Nous avons pris le soin, chaque fois qu’il le fallait, de mentionner que telle ou telle affirmation était bien celle de l’auteur du livre en question. D.M.

Espoir pour les vétérans ivoiriens
Les souffrances, les privations et les horreurs de la guerre ont créé chez les anciens combattants ivoiriens un sens aigu de la solidarité. C’est ainsi qu’à l’ouest de ce pays, où se trouve la majeure partie de ces vétérans, leur première préoccupation a été de créer, à l’aide de leurs pensions à l’époque satisfaisantes, des villages qui pouvaient accueillir ceux qui ne pouvaient se loger et des écoles pour les enfants. Ils étaient alors respectés, très aimés et, à travers eux, la France, qui ne les oubliait pas.
Puis sont arrivées la cristallisation de leurs pensions et ses conséquences, la paupérisation grandissante. Certes, avec le soutien inlassable de leurs frères d’armes français et de certaines personnalités, beaucoup a été fait, mais beaucoup reste à faire pour leur permettre de retrouver leur dignité d’homme. Le gouvernement français a tenu à ce que l’écart qui s’est creusé entre la pension des uns et des autres soit résorbé dans de brefs délais. Hélas, mille fois hélas ! l’intendance n’a, à ce jour, pas suivi toutes ces paroles réconfortantes. Néanmoins, j’ose encore nourrir, dans ma naïveté, l’espoir de voir enfin la nuit de la cristallisation se muer en un matin ensoleillé de la décristallisation, pour le plus grand bien des anciens combattants de Côte d’Ivoire et, au-delà d’eux, de tous ceux des autres pays francophones d’Afrique, de Madagascar et des Comores.

Tchad : divisions meurtrières
Des affrontements intercommunautaires sanglants ont opposé des commerçants du nord du Tchad aux populations autochtones de Bébédjia, dans la région pétrolifère de Doba, au sud du pays. On dénombre au moins douze morts et plusieurs dizaines de blessés. Ces affrontements sont symptomatiques de la fracture qui gangrène la société tchadienne. Il est par exemple difficile pour un citoyen du Sud de s’installer au nord du pays sans qu’il soit traité de « kirdi » et de « kafre » (païen sudiste). De même, un citoyen du Nord ne peut s’installer au Sud sans être taxé de « doum » (musulman nordiste). Ces appellations péjoratives sont utilisées par la majorité des habitants, y compris les supposés « intellectuels » du pays. La division est en outre entretenue par une classe politique peu scrupuleuse qui y trouve son compte. Nous vivons finalement dans une sorte de fédération qui ne dit pas son nom.

Combien d’Amry en France ?
Votre article relatif aux « aventures » de Mohamed Amry (J.A.I. n° 2285) m’interpelle, car on trouve des situations similaires en France. Des dizaines de Mohamed Amry croupissent dans les prisons de la République. Ils sont accusés d’« association de malfaiteurs pour une entreprise terroriste », concept fourre-tout qui permet d’embastiller quiconque a vu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’homme… qui a vu le loup. Les associations de défense des droits de l’homme, ainsi que les avocats, s’insurgent régulièrement mais sans succès. La France est coutumière du fait depuis le coup d’État de 1991 en Algérie. Sous couvert de chasse aux terroristes, elle n’a pas hésité à emprisonner et expulser des personnes qui, jusqu’à preuve du contraire, sont innocentes. Des vies, des carrières professionnelles et des familles ont été brisées. Ces victimes ont eu moins de « chance » que le couple Amry qui a pu, fort heureusement, se reconstruire en France.

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Où va le monde ?
L’évolution de la mode me semble normale, mais les stylistes exagèrent. Je ne suis pas contre le fait que les femmes mettent leur corps en valeur. Encore faudrait-il qu’elles le fassent avec modération. Beaucoup d’entre elles, aujourd’hui, s’habillent sans sous-vêtements. Comment voulez-vous qu’un homme ne trompe pas sa femme quand il voit cela ? Nos enfants sont les plus touchés par ce fléau et ne se contrôlent plus. Le comble est que certains parents l’admettent. À ce rythme, nous allons revenir quatre mille ans en arrière, quand les hommes ne portaient pas de vêtements. Ils avaient au moins le réflexe de mettre des cache-sexe.

La démocratie petit à petit
J’ai été ravi de lire l’article intitulé « Un pavé dans la mare à Assilah » de J.-L. Gouraud (J.A.I. n° 2283), car son avis est différent de ce que l’on entend généralement sur l’Afrique. Comme il provient d’un non-Africain, je suis certain que les intellectuels africains (pour la plupart opposants politiques dans leurs pays respectifs) se fendront de diatribes comme ils l’ont fait lorsque Jacques Chirac a dit que la démocratie était un luxe pour l’Afrique, ou encore à l’occasion de la sortie du livre Négrologie de Stephen Smith. Loin de penser que les Africains sont des sous-hommes, je crois que la démocratie occidentale reste pour l’instant hors de notre portée. Nos intellectuels oublient ou feignent d’oublier que l’Europe a atteint ce stade après plusieurs siècles de monarchie et d’anarchie (guerres en tout genre). Je ne dis pas que nous devons nécessairement suivre le même chemin, mais l’Afrique est capable de trouver un mode de gouvernement adapté à ses réalités. Dans des pays où l’état civil n’existe pas, comment organiser des élections fiables et crédibles même avec des urnes transparentes ? Le scrutin n’est pas encore terminé que les opposants crient à la fraude. Et quand l’alternance a lieu, ces mêmes intellectuels devenus présidents se comportent très vite comme ceux qu’ils ont combattus, parce qu’ils ne peuvent faire autrement. Je pense que l’Afrique a besoin de stabilité pour se construire afin d’atteindre une forme de démocratie acceptable. HouphouëtBoigny l’a dit à la veille du multipartisme : « En Côte d’Ivoire, tous les changements sont possibles, pourvu qu’ils arrivent en leur temps. »

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