Mali : une guerre, et ça repart

En amenant avec elle diplomates et journalistes, l’intervention militaire favorise la relance de l’économie malienne. Le retour de l’aide internationale devrait en outre permettre de préserver la croissance malienne. La reprise est-elle pérenne ?

L’Hôtel Salam (groupe Azalaï), à Bamako, le 7 février 2013. © Emmanuel Daou Bakary/JA

L’Hôtel Salam (groupe Azalaï), à Bamako, le 7 février 2013. © Emmanuel Daou Bakary/JA

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 21 février 2013 Lecture : 3 minutes.

À Bamako, l’activité reprend. Certes, la situation est encore fragile, mais l’opération Serval, déclenchée le 11 janvier par la France pour débarrasser le nord du Mali des groupes islamistes armés, a un impact positif sur l’économie du pays. Le secteur touristique, l’un des plus touchés par la crise politico-militaire, en est le premier bénéficiaire : « Le mouvement des militaires, des journalistes et des diplomates dans la capitale permet de remplir hôtels et restaurants et de doper un peu plus le commerce local », indique Mossadeck Bally, patron de la chaîne hôtelière Azalaï.

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Leader de l’activité sur le plan national avec trois établissements, le groupe hôtelier tourne actuellement à près de 90 % de remplissage, un taux qui, au plus fort de la crise, atteignait à peine 15 %. Alors contraint, comme ses concurrents, de recourir à la fermeture d’hôtels (deux sur trois) et au chômage technique (80 salariés), Azalaï a depuis le début de l’année rappelé tous ses collaborateurs. « Nous avons rouvert un hôtel le 15 janvier et nous nous apprêtons à faire de même pour le troisième établissement, courant février », affirme Mossadeck Bally, qui estime le manque à gagner subi par son groupe depuis le début de la crise, en mars 2012, à 3,7 milliards de F CFA (5,6 millions d’euros, soit une baisse de 60 % de ses revenus).Cliquez icileft;" height="237" width="150" />

Le récent retour du Fonds monétaire international (FMI) devrait donner confiance aux investisseurs étrangers.

Houd Baby, PDG du groupe agroalimentaire Moulins du Sahel, constate lui aussi une certaine amélioration. « Avec la fermeture des frontières, les produits subventionnés importés d’Algérie tels que les farines, le lait ou encore les pâtes, écoulés à des prix bas dans le nord du pays, ont pratiquement disparu. Résultat : nos produits sont désormais facilement distribués à Mopti et à Sévaré, ce qui permet d’augmenter nos volumes de ventes », soutient-il.

Reste que cette pseudo-embellie n’est pour l’heure pas pérenne. « Elle ne le sera que lorsque les militaires et les journalistes céderont leur place dans les hôtels aux hommes d’affaires, aux missions économiques ou encore aux touristes », juge le patron d’Azalaï. En clair, l’économie ne redécollera réellement que lorsque le pays aura retrouvé une stabilité politique et sécuritaire. Déjà, la reconquête rapide des principales villes du Nord ouvre de bonnes perspectives de retour à la normale.

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« Clé en or »

Tiéna Coulibaly, le ministre malien de l’Économie, des Finances et du Budget, assure que le récent retour du Fonds monétaire international (FMI) devrait donner confiance aux investisseurs étrangers. L’institution a en effet annoncé, le 28 janvier, l’octroi d’un prêt de 13,7 millions d’euros au Mali pour aider le pays à préserver sa croissance et sa stabilité macroéconomique. « Pour nous, il s’agit là d’une clé en or », indique le ministre. Car depuis, ajoute-t-il, « les principaux bailleurs, qui avaient également suspendu leur aide, décident de revenir ». La Banque mondiale annonce ainsi un appui budgétaire de 37 millions d’euros (contre 22 millions initialement prévus), et l’Union européenne un programme de quelque 250 millions d’euros. Cette manne inespérée devrait aider l’État à financer la remise en état des infrastructures, ce qui permettra de relancer le secteur du BTP, qui a vu son activité baisser de 20 % depuis le début de la crise.

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Dans une note publiée fin janvier, la Banque mondiale estime que si le dynamisme des secteurs agricole et aurifère, qui ont permis au Mali de limiter jusqu’ici la casse, se poursuit, « le taux de croissance économique pourrait retrouver son niveau tendanciel de 5 % en 2013 ». Une performance qui sera nettement meilleure que le recul de 1,5 % enregistré en 2012.

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