Entre satisfaction et indifférence

Publié le 7 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

Mohammed VI a été le premier chef d’État maghrébin à adresser, quelques minutes après l’annonce par la Maison Blanche des résultats du scrutin, un message de félicitations à son « grand ami » George W. Bush. Ses alter ego régionaux ont préféré prendre le temps de la réflexion, leurs intérêts dans cette affaire étant parfois contradictoires.
Mauritaniens et Libyens ont toutes les raisons de se féliciter de la reconduction du président sortant. Les seconds ne sont en outre pas peu fiers d’avoir joué dans la campagne un rôle non négligeable : à d’innombrables reprises, le candidat Bush a mis en avant l’exemple libyen, preuve, selon lui, de l’efficacité de sa politique de « guerre préventive ». En l’occurrence, une simple menace a suffi…
À Alger, où la défaite de John Kerry n’a pas suscité de déception particulière chez les responsables politiques, une « nuit américaine » a été organisée au centre international de presse, avec le concours du National Democratic Institute (NDI), une ONG américaine qui s’efforce de promouvoir la démocratie à travers le monde. Les journalistes algériens et quelques invités de marque parmi lesquels l’opposant Hocine Aït Ahmed, chef du Front des forces socialistes (FFS), ont ainsi pu suivre en direct le déroulement du scrutin sur les grands networks américains. À Tunis, l’opinion a paru se passionner davantage pour la grâce présidentielle octroyée à une trentaine de militants du parti islamiste Ennahdha que pour les péripéties électorales américaines.
Considérées presque partout – à juste titre, bien sûr – comme un événement planétaire, la réélection de Bush n’a même pas fait, sur les chaînes publiques maghrébines, le grand titre des journaux télévisés. La plupart ont préféré ouvrir sur le décès, ce même 2 novembre, de Cheikh Zayed Ibn Sultan al-Nahyane, le président des Émirats arabes unis.
Pourtant, les « quatre années de plus » accordées à l’administration républicaine auront nécessairement des conséquences importantes au Maghreb, comme ailleurs. Tous les régimes engagés dans la lutte contre le terrorisme islamiste appellent ouvertement de leurs voeux un renforcement de la coopération avec Washington – et devraient obtenir satisfaction. Sur le plan économique, en revanche, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Les producteurs de pétrole comme l’Algérie, la Libye et, demain, la Mauritanie ne peuvent que se frotter les mains : la politique de Bush n’a-t-elle pas contribué à une spectaculaire envolée des cours du brut ? Les autres, à l’inverse, ont toutes les raisons de s’inquiéter du brutal alourdissement de leur facture énergétique.
Quant à la « rue » maghrébine, avant tout sensible à l’évolution du dossier irakien et aux malheurs des Palestiniens, elle n’a manifesté ni joie ni dépit. Pour elle, de ce point de vue, Bush ou Kerry, c’est kif-kif.

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