Mohamed Horani : « certaines entreprises marocaines connaissent de vrais succès en Europe »
Mohamed Horani, ancien patron des patrons marocains et fondateur de Hightech Payment Systems, analyse la poussée des entreprises du Maroc sur le Vieux Continent.
![Mohamed Horani a été président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (de 2009 à 2012). © DR](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2013/02/18/MohamedHorani.jpg)
Mohamed Horani a été président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (de 2009 à 2012). © DR
Président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) de 2009 à 2012, Mohamed Horani, 59 ans, est le fondateur de Hightech Payment Systems (HPS), un éditeur de solutions de paiement vendues dans 70 pays. HPS a racheté en 2010 le français ACP-Qualife.
Propos recueillis par Julien Clémençot
Jeune Afrique : La colocalisation prônée par Paris passe-t-elle par l’implantation des entreprises maghrébines en Europe ?
Mohamed Horani : Je le pense. Dans notre cas, nous voulions être plus proches de nos clients européens. C’est une démarche comparable à celle d’une entreprise européenne s’installant à Casablanca pour viser les marchés maghrébins ou ouest-africains. Que l’initiateur du projet vienne du Sud ou du Nord, cette approche offre en plus le choix de la localisation des ressources en fonction de leur coût. Un conseiller juridique revient par exemple plus cher à Casablanca.
Les patronats européens mènent régulièrement des missions de prospection au sud de la Méditerranée. Pourquoi l’inverse n’est-il pas vrai ?
Cela reste des aventures individuelles pour la simple raison que peu d’entreprises marocaines sont capables de mener ces projets. Si la coopération entre Paris et Rabat n’intègre pas encore cette tendance, c’est aussi parce qu’un certain nombre de responsables publics marocains privilégient toujours les investissements étrangers faits au Maroc, au détriment de ceux réalisés par nos entreprises hors de nos frontières. Ce calcul, qui s’attache d’abord à préserver l’équilibre de la balance des paiements, n’est pas pertinent. Notre implantation à Dubaï en 2002 a coûté 500 000 dollars [475 000 euros à l’époque, NDLR] et ce sont des millions qui sont chaque année rapatriés au Maroc.
Est-ce la fin du complexe des patrons maghrébins par rapport à leurs homologues européens ?
S’il y avait un complexe, il n’existe plus, notamment parce que certaines entreprises marocaines connaissent de vrais succès en Europe. Non seulement nos patrons voient que c’est possible, mais ils s’aperçoivent que c’est une obligation. Le Maroc a fait le choix de s’ouvrir à la concurrence mondiale en signant des accords de libre-échange avec les États-Unis, les pays arabes, l’Union européenne et bientôt le Canada. Cette prise de conscience correspond aussi à l’émergence d’une nouvelle génération de chefs d’entreprise en phase avec les objectifs du Maroc, qui depuis dix ans donne la priorité à son développement économique.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Plus de jeunes et plus de femmes : pourquoi le Maroc reste le fer de lance de la bancarisation en Afrique
- Grand Inga : pourquoi le plus grand projet électrique au monde fait encore rêver le Sud global
- Pourquoi le chinois CNPC lève le pied au Niger
- Code minier au Burkina Faso : ce qu’il faut retenir de la réforme surprise d’Ibrahim Traoré
- Comment Paul Biya replace la SNI, capital-développeur public, au centre du jeu