Dissonances

Publié le 7 novembre 2004 Lecture : 2 minutes.

De Libreville à Dakar, en passant par Abuja, Lomé et Abidjan, c’est un véritable concert de louanges qui, côté palais, a salué la réélection de George W. Bush. « En vous renouvelant sa confiance, le peuple américain salue et légitime […] vos efforts inlassables en faveur de la paix, de la sécurité et, surtout, votre ferme détermination à engager une lutte sans merci contre le terrorisme », écrit, par exemple, le président togolais Gnassingbé Eyadéma, dans un télégramme au chef de la Maison Blanche. Considéré comme très proche de Bush, qu’il a reçu en juillet 2003 à Dakar et qu’il doit revoir début décembre à Washington, Abdoulaye Wade, le chef de l’État sénégalais, a lui aussi adressé au vainqueur ses « chaleureuses félicitations » et ses « voeux de bonne santé, de longévité et de succès continu ». En réitérant, au passage, « sa totale disponibilité à oeuvrer [avec lui] à la promotion des idéaux de paix, de démocratie et de liberté ».
Seulement voilà ! Autant les dirigeants (à l’exception sans doute du Zimbabwéen Robert Mugabe, qu’un vieux contentieux oppose à Bush) affichent leur enthousiasme, autant les journaux et l’homme de la rue se montrent désappointés, déçus, voire scandalisés, par la reconduction dans ses fonctions d’un homme qui symbolise à leurs yeux « le bellicisme et l’arrogance yankee ». « Les Américains gardent Bush à la Maison Blanche », « l’Amérique conservatrice s’est ruée aux urnes contre l’opinion publique mondiale », ont titré les journaux dakarois. « C’est à croire que la majorité des Américains sont myopes », renchérit un universitaire béninois. Les résultats d’un sondage réalisé par le quotidien Le Soleil montrent que 70 % des Sénégalais auraient choisi John Kerry.
Explication de ce tir de barrage : le prisme à travers lequel l’Amérique bushienne est vue dans cette région du monde, c’est le conflit du Moyen-Orient et le soutien indéfectible de l’administration Bush à Israël, ainsi que l’invasion de l’Irak sans mandat onusien. Reste que les États-Unis conservent un fort pouvoir d’attraction sur les candidats à l’exil, alors que l’Europe a fâcheusement tendance à se replier sur elle-même. « Dans ce pays, poursuit l’universitaire déjà cité, tout le monde peut atteindre le sommet, à condition de travailler dur. »

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