Poupées de cire

Avec Caramel, qui se déroule dans un salon de beauté, Nadine Labaki dépeint avec réalisme la condition des Libanaises.

Publié le 7 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

Combien de réalisatrices peuvent se vanter d’avoir, à tout juste 33 ans, réalisé un long-métrage ? La Libanaise Nadine Labaki l’a fait. Caramel, c’est le titre de son film – à l’affiche depuis le 15 août en France -, est un succès au box-office avec déjà plus de 500 000 entrées sur le territoire hexagonal. L’histoire se déroule dans le décor chaleureux et coloré d’un salon de beauté à Beyrouth, le « Si Belle » avec le B décroché sur le fronton. Caramel, qui désigne la pâte épilatoire, mélange de sucre, de citron et d’eau, n’est pas un titre fortuit. « C’est l’idée du sucré-salé, de l’aigre-doux, du sucre délicieux qui peut aussi brûler et faire mal », explique la réalisatrice.
Layale – personnage principal incarné par Nadine elle-même – est une esthéticienne qui partage les confidences sentimentales de ses clientes. Histoires d’amour, désir, sexe et obsessions sont leurs sujets de prédilection. De générations et de religions différentes, toutes les femmes du salon sont, à leur manière, très attachantes. C’est le cas de Nisrine, une musulmane de 28 ans qui veut s’offrir un hymen tout neuf pour sa nuit de noces, ou encore de Jamale, la cinquantaine pimpante et au brushing excentrique qui est terrifiée par l’idée de vieillir. Sans tomber dans la caricature, la jeune réalisatrice dépeint avec réalisme la ville de Beyrouth telle qu’elle la voit ainsi que la condition de la femme dans son pays. « Je me suis toujours posé des questions à propos de la femme libanaise, oscillant moi-même entre deux mondes, la culture occidentale, qui nous offre l’image d’une femme émancipée, et l’univers oriental, lourd de traditions », explique Nadine Labaki.
Look moderne et beauté piquante, cette dernière a tout de la jeune femme indépendante. Pourtant, comme les héroïnes de son film, elle ne se sent pas totalement libre. « Ma famille est chrétienne et libérale, mais on a toujours l’impression qu’on a des comptes à rendre. Le Liban est un petit pays. On vit en communauté. » C’est donc naturellement que le cinéma devient son exutoire. Diplômée en études audiovisuelles à l’université Saint-Joseph de Beyrouth, elle réalise son premier court-métrage, 11, rue Pasteur, prix du meilleur court-métrage à la Biennnale du cinéma arabe de l’Institut du monde arabe à Paris, en 1998. En 2004, la Résidence du Festival de Cannes, qui accueille chaque année, six réalisateurs étrangers afin de mettre au point l’écriture de leur scénario, lui donne l’occasion de développer son tout premier long-métrage, Caramel. « Le premier d’une longue série », espère-t-elle.

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