Ouaga, capitale de la subversion ?

Publié le 7 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

Visiteurs occasionnels ou hôtes d’un séjour longue durée, les opposants africains sont nombreux à avoir pris le chemin de Ouagadougou depuis une vingtaine d’années. Il y a eu des Libériens à l’image de l’ex-chef de guerre Charles Taylor, des Nigériens comme les anciens Premiers ministres Mahamadou Issoufou ou Hama Amadou, des Ivoiriens à l’instar de Laurent Gbagbo, alors pourfendeur du régime d’Houphouët, ou du sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB. Sans oublier le Guinéen Alpha Condé, le Sénégalais Abdoulaye Bathily et bien d’autres. Certains ont même eu leurs entrées au palais et des habitudes bien ancrées dans la capitale burkinabè. D’autres, comme le président centrafricain François Bozizé ou l’ex-chef de l’État congolais Pascal Lissouba, n’ont fait qu’y passer, en quête d’une oreille attentive ou – éventuellement – d’une main généreuse Ce n’était pas pour plaire à tous les chefs d’État africains, dont certains ont fini par croire que Ouaga était devenue la « capitale de la subversion ».
De fait, au lendemain de la Révolution de 1983, le Burkina était perçu comme un pays sensible à la cause de ceux qui s’insurgent contre les pouvoirs établis sur le continent. Et ses dirigeants étaient naturellement convaincus de la nécessité de tourner la page de « l’Afrique de grand-papa » héritée de la colonisation. Anciens étudiants à Paris, Lomé, Dakar, Abidjan ou Québec, ils sont, pour la plupart, issus de la même génération que leurs hôtes, celle qui a été nourrie aux idées progressistes de Mai 68 ou à celles, plus lointaines mais non moins iconoclastes, de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (Feanf).
Il reste encore quelque chose de ce Ouaga-là, on y vient comme en pèlerinage. Mais le pays s’est assagi, l’effervescence révolutionnaire l’a quitté. Au grand dam des rêveurs du grand soir. « Dire que tel ou tel a résidé à Ouaga ne signifie pas que des rébellions ont été organisées depuis Ouaga, s’offusque un proche de Blaise Compaoré. Nous nous élevons contre le fait de se focaliser sur le passage ou la présence de quelques opposants chez nous, car accueillir n’est pas soutenir. Plutôt que de pointer du doigt le Burkina, il vaudrait mieux stigmatiser les régimes qui contraignent à l’exil leurs opposants. Ce n’est pas notre cas. »

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