Liaisons dangereuses

Publié le 7 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

La Conférence internationale de paix qui doit se tenir à Annapolis, près de Washington, n’aura pas lieu comme prévu début novembre, mais le 26 du même mois. C’est ce qu’a fait savoir l’administration américaine, le 3 octobre, aux principaux protagonistes : Israël et l’Autorité palestinienne. Convoquée à l’initiative de George W. Bush, ladite conférence est censée relancer le processus de paix et mettre un terme au conflit israélo-palestinien. Le report est compréhensible, tant les difficultés ne vont pas manquer.
Ehoud Olmert, le Premier ministre israélien, et Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, se sont rencontrés le 3 octobre et ont décidé de se revoir chaque semaine. Ils ont déjà constitué leurs équipes de négociateurs. Côté palestinien, Ahmed Qoreï conduira la délégation, qui comprendra également Saeb Erekat, Yasser Abd Rabbo et Jebril Rajoub. En face, Yoram Turbowicz, le directeur de cabinet d’Olmert, dirigera une équipe composée d’Haïm Ramon, le vice-Premier ministre, et d’Isaac Shahak, un ancien chef d’état-major. Première tâche des négociateurs : élaborer un document qui sera soumis à la Conférence, laquelle sera le point de départ des véritables négociations.
Mais le titre même de ce document pose problème : il devait être une « déclaration de principe », il ne sera qu’une « déclaration d’intérêt ». Olmert exige également que le texte se réfère à la lettre adressée, le 14 avril 2004, par Bush à Ariel Sharon, qui autorise Israël à annexer certaines colonies de Cisjordanie. C’est qu’Olmert doit tenir compte de sérieuses dissensions au sein de son gouvernement. Ehoud Barak, son ministre de la Défense, est par exemple opposé aux négociations « faute de partenaire palestinien » – allusion à la faiblesse d’Abbas, qui ne contrôle plus Gaza.
Ce dernier ne se départit pas de sa modération et de son pragmatisme, réservant sa fermeté au Hamas. Dans une interview à la presse américaine, il couvre de fleurs Olmert, jugé « sincère, sérieux et voulant la paix », mais exclut tout dialogue avec le mouvement islamiste, invité préalablement à « annuler son coup d’État » à Gaza. Pas question, donc, de reconstituer un hypothétique cabinet d’union, le dernier s’étant révélé une « mauvaise expérience ». Abbas va jusqu’à justifier l’hostilité de principe manifestée par l’administration Bush à l’endroit du Hamas : « Au début, je croyais que c’était une erreur, mais désormais, nous avons la même position : je suis contre le Hamas. »
Comment expliquer cette attitude ? « Abou Mazen » ne s’est-il pas montré, tout au long de sa carrière politique, très enclin à la modération et à la conciliation ? Tout se passe comme s’il trouvait quelque avantage diplomatique à la défection du Hamas et à la perte provisoire de Gaza. Il devient en effet difficile d’exiger de lui qu’il « lutte contre le terrorisme » et désarme le Hamas, puisque celui-ci échappe à son autorité. Si l’on parvient à un accord après la conférence de paix, il sera toujours temps de rechercher un terrain d’entente avec le Hamas afin de réintégrer Gaza.
À coup sûr, Mahmoud Abbas prend des risques. Son pragmatisme à tous crins ne peut se justifier que s’il finit par l’emporter. Avec des alliés comme Olmert et Bush, c’est loin d’être assuré.

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