L’Algérie se forme au management

Après avoir produit de bons ingénieurs et techniciens pendant des décennies, le pays doit combler son déficit en cadres supérieurs.

Publié le 7 octobre 2007 Lecture : 2 minutes.

C’est désormais une tradition. Chaque année depuis trois ans, l’École supérieure algérienne des affaires (Esaa) organise début septembre une rencontre entre une centaine d’étudiants lauréats de licences d’enseignement supérieur, venus des quatre coins du pays, et les représentants d’entreprises qui comptent au niveau national et international. Venus de Sonatrach, Sonagaz ou encore BNP Paribas, Société Générale et du cabinet d’audit KPMG, une trentaine de responsables ont répondu cette année à l’appel de l’Esaa. Et accepté de prendre en charge les frais de formation de certains étudiants. Près de deux sur trois (60 %) bénéficient de ce parrainage, en échange duquel ils sont tenus par contrat d’intégrer ladite entreprise une fois leur cursus achevé. « C’est une excellente initiative pour des étudiants qui, comme moi, n’ont pas les moyens de s’inscrire dans ce genre d’école », explique Mehdi, étudiant en gestion.
Avec ses deux diplômes – master en gestion et MBA exécutif, qui s’adresse essentiellement aux cadres supérieurs -, l’Esaa participe au renforcement des compétences des jeunes diplômés en management algériens. « Il y a actuellement une pénurie touchant les fonctions managériales de l’entreprise, alors que la demande est très forte de la part des entreprises », explique Mohamed Tijani, directeur des ressources humaines dans la société d’audit Actu Conseil, à Oran. La plupart des responsables algériens tiennent le même discours. Pendant trop longtemps, l’accent a été mis sur l’enseignement des métiers de base, au détriment de la formation en management.
Face à cette situation préoccupante, de nombreuses écoles de gestion ont décidé de réagir en développant de nouveaux cursus. C’est notamment le cas de la première business school algérienne, MDI-Alger (Management Development International), créée en 1996. En partenariat avec l’université de Nice-Sophia-Antipolis, elle a mis en place à partir de cette année universitaire 2007-2008 un master spécialisé en management des ressources humaines. « Nous essayons de diversifier nos masters et de nous associer aux meilleures universités étrangères. Le but est de mettre sur le marché des compétences solides en management », explique Ahmed Hamadouche, professeur et directeur du programme Executive MBA à la MDI-Alger.
Mais si les écoles privées ont compris l’urgence de la situation, on ne peut pas en dire autant des universités publiques. « Il y a un décalage énorme entre les cours dispensés à la faculté et la réalité du monde économique », ajoute Hamadouche, qui est également enseignant à l’université. Les entreprises algériennes doivent en outre faire face à un autre problème de taille : la fuite des compétences algériennes vers les firmes étrangères, qui leur offrent des salaires plus avantageux et des perspectives de carrière. Jusqu’à présent cantonné aux fonctions techniques, le fléau commence à toucher la gestion et le management. « C’est une bonne chose de former nos jeunes, mais s’ils partent à l’étranger, tous nos efforts tombent à l’eau. Sans compter qu’il faut 100 000 dollars pour former un diplômé en Algérie ! » Certaines entreprises algériennes ont pris le problème en compte et revoient à la hausse les salaires de leurs cadres. C’est le cas de Sonatrach, engagée dans une dynamique destinée à valoriser les compétences et leur rétribution. Objectif : garder les précieux managers.

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