Retour du patriotisme économique

Publié le 7 septembre 2008 Lecture : 1 minute.

L’étau se resserre autour des investisseurs étrangers en Algérie. Le gouvernement Ouyahia vient d’adopter une série de mesures contraignantes à leur égard qui illustre le retour à une forme de patriotisme économique. Ce tour de vis traduit dans les actes les critiques du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans un discours cinglant, le 26 juillet 2008, sur l’échec de la politique d’investissement et de privatisation du pays depuis les années 1990 et le comportement d’investisseurs étrangers. Le chef de l’État avait cité comme exemple un groupe qui avait investi 700 millions de dollars et était reparti, trois ans plus tard, avec 2 milliards de dollars de bénéfices sans créer de richesse en Algérie. « Des investissements pareils, on n’en veut pas », avait-il menacé.
Des paroles traduites en actes. Deux mesures phares pour contrer ces dérives figurent dans le projet de loi de finances 2009 adopté par le dernier Conseil des ministres. Dès l’an prochain, les bénéfices transférables des sociétés algériennes dont les maisons mères sont à l’étranger seront imposables à hauteur de 15 %. Le gouvernement annonce en parallèle l’imposition, peut-être à hauteur de 20 %, des plus-values de cessions d’actions et de parts sociales par des non-résidents. Les autorités entendent ainsi mettre un terme à l’inflation, qu’elles jugent galopante, des bénéfices rapatriés dans leurs pays par les entreprises étrangères. Ils auraient atteint 7 milliards de dollars en 2007 et pourraient grimper à 50 milliards de dollars d’ici dix à quinze ans.
Et ce n’est pas tout. Outre la création d’un droit de préemption lors de cession d’entreprises, le gouvernement impose désormais que les sociétés nouvelles avec des capitaux étrangers soient détenues majoritairement par des investisseurs algériens. Et afin d’éviter la spéculation immobilière, une ordonnance à venir prévoit que les investisseurs étrangers ne pourront plus acquérir des terrains publics, mais uniquement bénéficier de concessions renouvelables. Ce virage algérien est doublement risqué. Il peut détourner les rares investisseurs étrangers vers d’autres destinations, et il n’est pas sûr que le secteur privé local prenne le relais.

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