Pourquoi Obama est noir

Publié le 7 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

L’idée ne viendrait à personne de présenter John McCain comme le représentant blanc du Parti républicain à la présidentielle américaine. Pourquoi donc Barack Obama, son adversaire démocrate, est-il systématiquement qualifié de « candidat noir », alors que, fils d’un Kényan et d’une Américaine du Kansas, il est en réalité métis ?
Première explication, qui tient à l’intéressé lui-même. Après la séparation de ses parents quand il avait 2 ans, Obama a grandi avec sa mère et ses grands-parents maternels dans un environnement essentiellement blanc. Pourtant, il n’emploie jamais pour parler de lui le mot biracial (« métis »). Il se définit comme noir, parce que la société le définit comme tel : « Si vous avez l’air afro-américain, vous êtes traité en Afro-Américain », regrette-t-il.
Longtemps, les États-Unis ont été régis par la One Drop Rule, selon laquelle il suffit d’une seule goutte de sang noir pour être considéré comme noir. Cette règle a disparu en 1970, mais le dualisme Noirs-Blancs reste profondément ancré dans les mentalités.
Aujourd’hui, chacun définit sa propre identité raciale ou ethnique. Lors des recensements, les Américains ont le choix entre six grandes catégories : Blancs, Noirs, Amérindiens, Asiatiques, Hispaniques et natifs des îles du Pacifique. Il est parfaitement possible de se réclamer de deux « races », voire davantage. Or, en 2000, ils n’ont été que 2,5 % dans ce cas. Seuls 727 000 métis Noir-Blanc ont été recensés, alors qu’ils sont à l’évidence des millions.
Si Obama se disait métis, il donnerait le sentiment de renier sa part noire. Ce qui pourrait lui coûter cher politiquement. Il en a fait l’expérience à Chicago en 2000 lorsqu’il a échoué à se faire élire à la Chambre des représentants. Le vainqueur du scrutin, Bobby Rush, un ancien Black Panther, claironnait que l’ancien élève de Harvard avait découvert la ségrégation dans les livres

La carte raciale
À la différence d’un Jesse Jackson, Obama n’est pas descendant d’esclaves. L’image qu’il renvoie de l’Amérique n’est plus celle d’un passé sombre et d’une faute historique, mais d’une ouverture au monde. Il ne cherche pas à culpabiliser les Blancs. Comme le souligne Gideon Rachman dans le Financial Times, en votant pour lui, ces derniers peuvent se donner bonne conscience et se rassurer sur la qualité des relations raciales dans leur pays.
Il n’empêche. Le candidat démocrate marche sur des ufs. Ses adversaires l’accusent régulièrement de « jouer la carte de la race ». Les républicains misent sur l’agacement des Américains qui pensent que les Noirs bénéficient d’un traitement de faveur avec l’Affirmative Action. Selon un récent sondage du New York Times, 26 % des Blancs sont persuadés d’avoir été victimes de discrimination. Est-ce un hasard si, dans la même enquête, 27 % des électeurs estiment que les États-Unis ne sont pas prêts à avoir un président noir ?

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