Assassiné, d’accord, mais par qui ?

Publié le 7 septembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Il aura fallu attendre sept mois pour que le gouvernement tchadien admette ce dont tout le monde se doutait : l’opposant Ibni Oumar Saleh est mort. C’est la conclusion essentielle du rapport (rendu public le 3 septembre) de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur l’offensive rebelle contre le régime d’Idriss Déby Itno, à la fin du mois de janvier.
Président du Parti pour les libertés et le développement (PLD) et porte-parole de la Coordination des partis politiques pour la défense de la démocratie (CPDC), Ibni avait été enlevé par des militaires loyalistes, le 3 février à son domicile, alors que N’Djamena était en proie à la plus totale confusion. Depuis, on était sans nouvelle de lui.
Lol Mahamat Choua, le président du Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP), et Ngarlejy Yorongar, celui de la Fédération action pour la République, ont eu plus de chance. Également arrêtés, incarcérés dans une « prison secrète », maltraités et torturés, ils ont finalement été libérés, une vingtaine de jours plus tard. Déby Itno et son gouvernement ont toujours nié avoir commandité ces enlèvements. Et même en avoir eu connaissance. Ngarlejy Yorongar n’a pour sa part jamais cessé de clamer qu’Ibni, son compagnon de détention, était mort « dans la nuit du 5 au 6 février ». Une thèse que personne, parents, amis ou ennemis d’Ibni, n’a jamais publiquement reprise à son compte.
Quoi qu’il en soit, les conclusions du rapport ont suscité une volée de critiques, au Tchad comme à l’étranger. Le porte-parole de la CPDC redoute que « le pouvoir se serve de cette commission pour endormir la famille d’Ibni, ses amis politiques et la communauté internationale ». L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et l’Union européenne se sont quant à elles émues que « toute la lumière » n’ait pas été faite sur la disparition de l’opposant. À leurs yeux, les travaux de la commission ne sauraient constituer qu’une « première étape dans la recherche de la vérité et de la justice ».
Reste une question – essentielle – sans réponse : qui a donné l’ordre d’enlever les opposants ? Quel rôle le chef de l’État a-t-il joué dans cette affaire ?

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