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Publié le 7 août 2005 Lecture : 5 minutes.

Terrorisme : l’Occident responsable ?
Madrid, Londres, Charm el-Cheikh, les attentats (voir J.A.I. n° 2322 et 2323) ont surpris
les services secrets des pays concernés, laissant les experts imaginer le pire. Avec des capacités intellectuelles, matérielles et financières certaines, le terrorisme actuel est plus intelligent et, surtout, plus déterminé. Le monde connaîtra des moments difficiles tant qu’on ne trouvera pas de solutions appropriées, en dehors de l’emploi de la force,
laquelle a déjà montré ses limites.
Des voix commencent à se faire entendre. « L’Occident a une part de responsabilité dans cette vague d’attentats », a déclaré, le 23 juillet, le maire de Londres. Les puissances occidentales, États-Unis en tête, soutiennent depuis toujours certains régimes dictatoriaux, qui soumettent une partie de leur peuple à de terribles humiliations et contraignent l’autre à l’exil. Ce sont ces victimes, devenues violentes et radicales, qui font peser sur tous la menace terroriste.

Quand le Tchad donne l’exemple
Dans les pays du Tiers Monde, la richesse a toujours attisé les convoitises, car celui qui la possède est le maître du pouvoir. Pour garantir leur impunité, les gouvernements n’acceptent pas la transparence de leurs finances publiques. Le Tchad vient renverser la
tendance en confiant la gestion de sa manne pétrolière à la Banque mondiale, avec
obligation pour celle-ci d’engager des dépenses uniquement sur des projets ayant un réel impact sur le développement : lutte contre la pauvreté, amélioration du système de santé,
des infrastructures, industrialisation, etc.
Ce fait rare doit servir d’enseignement pour les pays où le pétrole provoque des guerres civiles, des violations des droits de l’homme et creuse le fossé qui sépare les riches des pauvres.

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Aminata Traoré, une personnalité rare
Habituellement, je ne m’attarde guère sur la section « Lire, écouter, voir », sauf quand elle nous éclaire sur des personnalités et auteurs hors du commun. C’est le cas avec
l’ancienne ministre de la Culture du Mali Aminata Traoré (voir J.A.I. n° 2318), qui réussit l’exercice étourdissant de se dévoiler avec tact et pudeur, évitant de tomber
dans un discours revanchard et accusateur, et cela en dépit des « secrets d’État » dont elle demeure la dépositaire.
J’ai apprécié l’interviewée dans ses réponses autant que le fil conducteur tissé par l’interwieveuse. Il en résulte l’image d’une femme accessible, sympathique, que ses hautes fonctions n’ont pas éloignée du peuple et de son quotidien puisqu’elle est engagée dans des microréalisations dans son quartier, en sus de ses multiples activités.
Voilà une belle image du continent, véhiculée par cette femme d’envergure dont on espère que l’engagement fera des émules, en renforçant d’autant la volonté des Africains de se déterminer par eux-mêmes pour, enfin, s’autogérer.

L’homme qu’il faut pour le Sénégal
Les efforts actuels du président Abdoulaye Wade (voir J.A.I. n° 2321) transmettent un message clair : « Si vous n’êtes pas en mesure d’agir comme des adultes, c’est votre
problème. J’ai fait tout ce que j’ai pu, mais il reste encore beaucoup à faire, car le chemin du développement est long. » Pour ma part, je demeure convaincu que le leader sénégalais susceptible de jeter les bases saines d’une croissance économique et d’une
stabilité politique doit être choisi en dehors des protagonistes du débat politique actuel. Il lui faut du recul par rapport aux événements qui ont marqué les quarante dernières années. Sans rancune ni esprit revanchard, il ne devrait avoir aucun antécédent
politique.

Silence, on tue
Les victimes civiles des multiples massacres qui ont lieu sporadiquement en République démocratique du Congo attireront-elles un jour l’attention de la communauté internationale
? Lorsque les kamikazes ont frappé les Britanniques, le 7 juillet dernier, tous les médias du monde en ont parlé, condamnant ces actes terroristes avec la dernière énergie. Dans la nuit du 9 au 10 juillet, au Sud-Kivu, des miliciens ont incendié tout un village, massacrant femmes et enfants. Ils n’ont pas fait la une des journaux. Les morts de Londres seraient-ils plus humains que les Congolais ? Seul J.A.I. a parlé, trop brièvement à mon goût, de ce drame (voir le n° 2323). Je me demande pourquoi, lorsqu’il
s’agit d’attentats en Occident, il n’est jamais question d’ingérence dans les affaires intérieures et tous les pays collaborent avec efficacité, ce qui est loin d’être le cas en
Afrique. Il est vrai qu’on ne peut stopper un génocidaire à qui l’on a soi-même donné armes et munitions. Mais n’est-ce pas une forme de terrorisme ?

Qui ne paie pas ses dettes s’enrichit
À Gleaneagles, le G8 a annulé 50 milliards de dollars de dette des pays pauvres. Une goutte d’eau dans l’océan de la dette globale, que d’aucuns estiment à 2500 milliards de dollars, mais qu’à cela ne tienne, un don est toujours bon à prendre. On peut cependant
regretter que de nombreux analystes financiers, économistes et autres dirigeants politiques du Sud s’évertuent à minimiser la portée de ce geste. Pourquoi ne pas plutôt s’interroger sur la destination finale des sommes pharaoniques débloquées par le passé et allouées aux programmes d’alimentation, de santé, d’éducation et de développement ? Nul
besoin d’être devin pour affirmer que la part du lion a disparu dans le gouffre de la corruption. Pendant que les dirigeants vivent dans le faste, les populations végètent dans le dénuement. Je trouve quelque peu outrecuidant qu’on nous dise ensuite que le Nord est la source de nos malheurs.

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Plaidoyer pour le pays de Madiba
À la suite de son Post-scriptum (voir J.A.I. n° 2324), je voudrais faire remarquer à Fouad Laroui que ses « deux favoris pour un siège permanent au Conseil de sécurité des
Nations unies » ne sont pas si paisibles ni prospères. Au Botswana, près de la moitié
de la population est infectée par le virus du sida et une partie non négligeable de son budget est utilisée pour remédier à cette situation, au détriment des autres postes qui lui permettraient de jouer un rôle diplomatique important. Quant à l’île Maurice, le vent tournant de la mondialisation risque de lui jouer de mauvais tours, notamment dans les domaines du sucre et du textile.
À mes yeux, le seul pays qui mérite un siège à l’ONU est l’Afrique du Sud, et ce pour quatre raisons.
– Sur le plan économique, c’est le seul pays capable de rivaliser avec les plus grandes nations industrialisées et avec les pays émergents (Chine, Brésil, Inde). Il est capable de tirer vers le haut les autres africains.
– Sur le plan militaire, c’est la nation la mieux équipée, donc à même d’envoyer ses forces à l’extérieur de son territoire pour préserver la paix, en Afrique comme dans le reste du monde.
– Sur le plan diplomatique, elle est une référence en matière de médiation dans les conflits (Côte d’Ivoire, Zimbabwe, RDC, Burundi).
– Sur le plan politique, enfin, c’est une vraie démocratie. Elle est débarrassée pour toujours des vieux démons de l’apartheid institutionnel. Sans oublier qu’elle compte parmi ses fils l’un des hommes les plus illustres de notre siècle, Nelson Mandela, dont le nom seul force l’admiration et le respect dans le monde entier.
Qui dit mieux ?

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