Un veto africain

Publié le 7 août 2005 Lecture : 2 minutes.

« On ne change pas les règles du jeu au milieu de la partie ! » Ceux qu’on surnomme les « petits pays » au sein de l’Union africaine (UA) se sont élevés avec force contre la tentative de certaines grandes puissances, comme le Nigeria, d’infléchir la position africaine sur la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies. Le 4 août, les chefs d’État de l’UA, réunis pour un sommet extraordinaire à Addis-Abeba, ont redit leur attachement à la déclaration de Syrte du 5 juillet. L’Algérie, suivie par nombre de petits pays, a fait triompher la position de principe, défendue depuis plusieurs mois : pourquoi l’Afrique devrait-elle se contenter de sièges permanents « au rabais » dans un Conseil de sécurité élargi ?

L’UA continue en effet d’exiger un droit de veto pour les nouveaux entrants (au nombre de six, dont deux pour l’Afrique) et réclame deux membres non-permanents supplémentaires pour le continent. Le Nigeria, et plus discrètement l’Afrique du Sud, tous deux susceptibles d’intégrer le Conseil de sécurité, se disaient prêts à renoncer temporairement au veto, comme l’ont déjà fait les pays du G4 (Allemagne, Brésil, Inde, Japon). Mais, à Addis, c’est l’orgueil qui a eu le dernier mot. Celui des « petits », mais aussi celui des Algériens, qui, sachant qu’ils n’ont aucune chance d’entrer dans le saint des saints en raison du conflit qui les oppose aux Marocains sur le Sahara occidental, préfèrent s’en tenir au statu quo.
En prenant une telle décision, l’UA augmente les probabilités d’échec de la résolution que le G4 a déposée le 11 juillet devant l’Assemblée générale de l’ONU (AG). Ces quatre pays négociaient depuis le début de juillet avec les Africains pour s’attirer leurs voix lors d’un éventuel vote courant août. La fin de non-recevoir qui vient de leur être adressée pourrait les dissuader de solliciter un vote. Car, sans les voix du continent, leur projet n’a quasiment aucune chance d’être adopté. Les États-Unis ne font plus mystère de leur opposition à la refonte du Conseil. La Chine, pour des raisons différentes, fait front commun avec Washington. Même dans l’hypothèse où le projet de résolution du G4 recueillerait au moins 128 voix sur les 191 que compte l’AG, la réforme, pour être adoptée, devrait encore être approuvée par les deux tiers des Parlement nationaux, dont ceux des cinq membres permanents actuels.

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Si, comme cela est probable, l’AG se trouve dans une impasse, il ne restera plus à son président, Jean Ping, qu’à proposer une résolution de compromis avant l’ouverture du sommet des chefs d’État des 13 et 14 septembre. Suggérer, par exemple, l’entrée de nouveaux membres semi-permanents, choisis pour une période de huit à douze ans.

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