Lagos et les « zonards »
Publié le 7 août 2005 Lecture : 1 minute.
La mort d’un soldat dans le quartier d’Oshodi, poignardé alors qu’il tentait de s’interposer lors d’une tentative de racket, a replacé sous les feux de la rampe un phénomène quelque peu négligé depuis plusieurs années au Nigeria, celui des areas boys, les « zonards » de Lagos. Apparus dans les rues au début des années 1980, ces gangs de jeunes, dont certains comptent des filles dans leurs rangs, écument les bidonvilles et les quartiers populaires proches des centres d’affaires. Leurs zones d’activité favorites ? Les arrêts de bus, les grandes artères et les marchés. Indifférents aux policiers qui les pourchassent, ils extorquent de l’argent, parfois sous la menace d’une arme, aux chauffeurs, aux commerçants, aux passants, ou s’arrogent le droit de percevoir des « frais de garde » pour surveiller les voitures garées. Fauteurs de troubles professionnels, ils n’hésitent pas à monnayer leur intervention lors des affrontements interreligieux ou inter-ethniques qui secouent sporadiquement la mégalopole du Sud, ville de près de 13 millions d’habitants.
Plusieurs opérations ont été mises en place pour tenter de sortir ces jeunes de la délinquance. L’ancien président Ibrahim Babangida avait créé une banque populaire qui délivrait des microcrédits pour les aider à ouvrir de petits commerces. Mais nombre d’entre eux replongeaient dans la délinquance, et feu le général Abacha, au pouvoir entre 1993 et 1998, a décidé sa fermeture.
En 1999, Bola Tinubu, le gouverneur de Lagos, a mis en place un plan de réinsertion et ouvert un centre de formation à Ita Oko, une prison désaffectée située à l’est de la ville. Les études y sont sanctionnées par un certificat de fin d’apprentissage et une promesse d’emploi. Mais ces mesures, visiblement insuffisantes, n’empêchent pas les areas boys de se multiplier dans les rues de Lagos.
