La bataille de la faim
Il aura fallu attendre la diffusion d’images terribles, montrant des milliers d’enfants à l’agonie, pour que la communauté internationale se réveille et que la machine humanitaire se déploie enfin au Niger. Depuis une quinzaine de jours, les promesses de dons affluent et l’aide s’organise pour venir au secours des 150 000 enfants menacés de mort et des 3,5 millions de personnes affectées par cette crise alimentaire pourtant annoncée dès octobre 2004.
En première ligne, le Programme alimentaire mondial (PAM) a mis en place un pont aérien depuis Brindisi, dans le sud de l’Italie, et dépêché des convois terrestres depuis la Côte d’Ivoire et le Togo pour acheminer 23 000 tonnes de vivres et distribuer des rations d’urgence à 2,5 millions de Nigériens. « Sur place, les moyens de subsistance sont en voie d’épuisement », précise Stéfanie Savariaud, la porte-parole du PAM. Or les premières récoltes ne sont pas attendues avant la fin de septembre. D’ici là, les Nations unies évaluent les besoins à 57,6 millions de dollars. Seuls 11,5 millions ont été reçus.
Sur le terrain, les ONG, notamment Médecins sans frontières (MSF) et Action contre la faim (ACF), ont augmenté leurs capacités de prise en charge. Avec cinq Centres de récupération nutritionnelle intensive (Creni), dans les régions de Maradi et Tahoua, MSF accueille plus de mille deux cents enfants par semaine. « Pour 10 % d’entre eux, il est, hélas, trop tard. Et ce malgré les soins intensifs et les traitements à base de plumpy’nut, une pâte hypercalorique constituée d’arachide, de lait d’huile et de sucre », se désole Johanne Sekkenes, chef de mission à Niamey.
La Cellule de crise, placée sous la responsabilité du Premier ministre nigérien Hama Amadou, annonce l’arrivée de 10 000 tonnes de riz achetées à Lomé et de 23 000 tonnes de sorgho en provenance d’Inde. Cela suffira-t-il ?
Le 2 juillet, à l’occasion du quarante-cinquième anniversaire de l’indépendance, le président Mamadou Tandja a affirmé que « la situation s’améliorait ». Mais le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) estime qu’en « l’absence d’une intervention immédiate et massive », la famine risque de s’étendre au Nigeria, au Mali, au Burkina et à la Mauritanie.
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