Onze « sages » ?contre les discriminations
Publié le 7 mai 2006 Lecture : 1 minute.
Leïla participe à un examen d’embauche dans un organisme public français. Ses résultats sont à la hauteur et l’entretien qui suit donne satisfaction : l’employeur lui annonce son intention de l’embaucher. Mais le temps passe, et la jeune femme reste sans nouvelles. Neuf mois plus tard, elle apprend que sa candidature est finalement rejetée. Dans une autre entreprise, Karim est accusé à tort d’avoir volé la moto de l’un de ses collègues… Dans une troisième, Nassera est licenciée pour avoir refusé de procéder à un recrutement discriminatoire… Trois cas avérés de discrimination liée à l’origine des personnes concernées, tranche la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), un collège de onze « sages » présidé par Louis Schweitzer, ?l’ancien PDG de Renault. Recrutés au sein de l’institution judiciaire, dans les entreprises, les instituts de recherche ou le monde associatif, les membres de la Halde sont chargés de traquer les discriminations dans toutes les sphères de la société française.
Publié le 2 mai, son tout premier rapport annuel (la Halde a été créée par la loi du 30 décembre 2004) révèle que 40 % des cas dont elle a été saisie ont pour cause l’origine ethnique, nationale ou raciale des victimes. Viennent ensuite les handicaps physiques (13,9 %), le sexe (6,2 %) et l’âge (5,6 %). La plupart des discriminations ont ?pour cadre le lieu de travail (45,3 %) et les services publics (18,3 %).
Lors de la mise en place de l’institution par le président Jacques Chirac, le 23 avril 2005, beaucoup n’avaient pas caché leur scepticisme : ce nouveau « machin » n’avait-il pas pour seul objectif de masquer la persistance au sein de la société française de comportements illégaux mais tolérés remettant en cause l’un des principes fondateurs de la République, l’égalité ? Dotée du pouvoir de saisir la justice, la Halde a, à ce jour, reçu plus de deux mille plaintes. Un chiffre « limité au regard des discriminations réelles », reconnaît le rapport, mais qui témoigne quand même « d’un ancrage déjà solide de l’institution ». Bref, un début plutôt encourageant…
