Espoir à Abuja

Publié le 7 mai 2006 Lecture : 2 minutes.

A l’occasion du Sommet d’Abuja, du 2 au 4 mai, l’Union africaine a enfin décidé de s’engager sérieusement dans la lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose. Le changement est notable. Il y a six mois, dans la même ville, lors de la Conférence internationale sur le sida et les maladies sexuellement transmissibles, tout le monde avait été contraint de déplorer l’inertie des autorités et un certain nombre de reculs concernant la prévention. Il est vrai que, dans ce domaine, même le Vatican a récemment fait un pas important en atténuant son opposition, naguère absolue, au préservatif. En cas de différence de sérologie au sein d’un couple catholique marié, l’Église pourrait à l’avenir autoriser son usage afin de protéger celui des conjoints qui n’est pas porteur du virus.
Au mois de janvier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait révélé que 1,7 million de séropositifs africains sont actuellement placés sous antirétroviraux. Le progrès est appréciable, quoique insuffisant. En 2003, seuls 1 % des malades avaient accès à un traitement ; ils sont 17 % aujourd’hui. « Il y a des raisons d’être optimiste, les choses vont dans le bon sens », commente Awa Marie Coll Seck, directrice du programme Faire reculer le paludisme et ancienne ministre sénégalaise de la Santé.
Lors de précédents sommets du même genre, un certain nombre d’objectifs avaient été définis qui sont très loin d’avoir été atteints. La santé étant à l’évidence une condition essentielle du développement, il avait par exemple été convenu que chaque État devrait y consacrer au moins 15 % de son budget. Cinq ans après, seuls six pays ont respecté leur engagement. Cette fois, l’ambition affichée par les quarante pays participants au sommet d’Abuja est « l’accès universel aux soins », d’ici à 2010, pour les malades du sida, de la tuberculose et du paludisme. Pour y parvenir, un gros effort financier est évidemment indispensable, ne serait-ce que pour former le personnel sanitaire. Selon Peter Piot, le directeur de l’Onusida, « trois éléments intervenus depuis cinq ans devraient aider les gouvernements à tenir cet objectif : l’annulation par le G8 de la dette des pays les moins avancés, la légère augmentation de l’aide publique au développement et l’autorisation donnée par l’Organisation mondiale du commerce aux pays les plus pauvres d’importer des médicaments génériques ».
Quatre millions d’Africains meurent chaque année du sida, de la tuberculose ou du paludisme. Le continent rassemble 10 % de la population mondiale et 60 % des séropositifs. 80 % des décès liés au sida et à la tuberculose en 2003 ont eu lieu au sud du Sahara. Et 90 % des 500 millions cas de paludisme y ont été recensés. Comme l’explique le Congolais Denis Sassou Nguesso, président en exercice de l’UA, « nous devons travailler en groupe à l’harmonisation et l’efficacité de nos systèmes de santé, ainsi qu’à l’élaboration de mesures capables de venir à bout de ces fléaux ». Sans doute, mais le temps presse.

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