Du mauvais usage de la discrétion

Publié le 7 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Les autorités se sont montrées fort discrètes concernant les événements de la banlieue sud de Tunis. Par crainte, dit-on, que la mise en évidence de la menace terroriste n’affecte négativement l’économie, en particulier le tourisme et les investissements directs étrangers. Sur ce dernier plan, en effet, l’année a été particulièrement faste pour le pays, notamment dans les technologies de l’information et de la communication avec la privatisation de Tunisie Télécom (3 milliards de dinars) et la création de nouveaux centres d’appels (entre 1 500 et 3 000 emplois, selon les sources). Même le secteur du textile a été à la fête, avec des projets en hausse de 20 % par rapport à 2005, qui ont permis la création de 7 000 emplois.
Mais les autorités n’ont pas forcément raison. D’abord, parce que la rétention de l’information n’est jamais une bonne chose : il en va du droit des citoyens à être informés. Ensuite, parce qu’aucun pays au monde n’est à l’abri d’opérations terroristes : beaucoup ont pris l’habitude de vivre avec, sans grands dommages pour leurs économies. Enfin, parce que les forces de l’ordre n’ont mis que fort peu de temps – onze jours – pour démanteler le groupe en question avant qu’il ne passe à l’action. Les conditions géographiques et sociales étant ce qu’elles sont, les djihadistes ne se sentent pas en Tunisie comme des poissons dans l’eau.
Et puis, il n’existe forcément pas de lien de cause à effet entre tel ou tel accident « sécuritaire » et l’évolution de l’économie d’un pays. En 2006, par exemple, les autorités marocaines ont, le plus normalement du monde, informé l’opinion du démantèlement de sept cellules terroristes, dont certaines, à en croire le ministre de l’intérieur Chakib Benmoussa, étaient liées à al-Qaïda. Cela n’a eu aucun impact sur l’évolution du tourisme, bien au contraire. Au cours des dix premiers mois de 2006, le nombre des touristes étrangers a augmenté de 9 % par rapport à l’année précédente et celui des nuitées hôtelières de 6 %, tandis que ?les recettes en devises faisaient un bond de 22 % !

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires