Dérapages contrôlés

Publié le 7 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

C’est reparti ! Comme chaque année depuis 1979, le rallye du Dakar s’est élancé le samedi 6 janvier de Lisbonne en direction du lac Rose, aux abords de la capitale sénégalaise, qu’il doit atteindre le 21 janvier. Et, comme chaque année, la polémique est au rendez-vous, les uns dénonçant la futilité et le caractère dangereux d’une épreuve qui a quand même fait 48 morts – dont 23 Africains et une dizaine d’enfants – en vingt-huit ans, les autres insistant sur ses conséquences bénéfiques.
Anticipant les critiques, les organisateurs se sont, cette année, efforcés d’« accentuer la sécurité routière ». Des dispositions ont été prises avec la gendarmerie et la police françaises pour former les policiers mauritaniens. Des campagnes de prévention ont été organisées dans les écoles. Tout le monde est prévenu et n’a qu’à bien se tenir : attention, la caravane arrive !
Cette formidable « aventure humaine », comme se plaît à la qualifier Étienne Lavigne, le directeur du rallye, est aussi – et surtout – un très bel événement commercial regroupant 29 partenaires officiels, sans compter les innombrables sponsors des 525 concurrents. De nombreux produits dérivés (vêtements, montres, voitures miniatures, etc.) sont mis en vente pour l’occasion et la couverture médiatique est énorme : près de 600 heures de retransmission télé, sur quelque 75 chaînes, dans 180 pays. Les organisateurs insistent sur le fait que ce sont les pays africains qui « invitent » la course et que toute une série d’actions humanitaires sont menées parallèlement.
Cette 29e édition du Dakar suscite quand même de sérieuses inquiétudes en raison de la présence dans la région sahélienne d’unités du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). On sait que les islamistes armés algériens ont récemment fait allégeance à al-Qaïda Les services de renseignements français ont donc conseillé aux organisateurs de supprimer deux étapes entre Néma (Mauritanie) et Tombouctou (Mali). Bien que Lavigne assure ne pas avoir reçu « de menaces précises ou avérées », il s’est résolu à suivre ces recommandations. Le parcours initial a été remplacé par une boucle de 400 km autour de Néma. Le Mali ne verra donc pas passer la caravane cette année.
En 2004, déjà, deux étapes avaient été annulées, au Mali et au Burkina, par crainte d’éventuelles attaques de bandes armées. En 2000, un pont aérien avait été mis en place pour éviter la traversée du Niger, considéré comme une zone à risques. Cette année, le Quai d’Orsay et les services français veillent au grain, et les organisateurs se disent prêts à annuler d’autres étapes en cas de besoin. Pas très rassurant !

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