De Dakar à Harare

Publié le 7 janvier 2007 Lecture : 1 minute.

Si l’exécution d’un dirigeant arabe par une puissance occupante a suscité un émoi légitime au Maghreb, il est frappant de constater que les Subsahariens ont été tout aussi choqués. Comme dans une sorte de solidarité des faibles, les opinions subsahariennes ont mal vécu les images – diffusées en boucle sur les télévisions internationales – d’un ancien chef d’État défait, conduit manu militari à la potence avant d’être exécuté dans des conditions les plus barbares. Dans un pays comme le Zimbabwe, connu pour son nationalisme, le gouvernement a violemment réagi : « L’ancien leader irakien n’a pas été tué par les Irakiens, mais par les Américains. Son exécution va renforcer le combat contre l’impérialisme américain qui finira par être défait. »
En écho, le docteur Godfrey Chikowore, de l’Institut zimbabwéen des études du développement, a analysé la pendaison de Saddam comme un acte d’intimidation des leaders des pays en développement.
D’autres États plus modérés ne se sont pas pour autant abstenus de fustiger la barbarie avec laquelle l’ex-raïs a été traité. Le Sénégal, réputé proaméricain depuis l’accession d’Abdoulaye Wade au pouvoir en mars 2000, a réagi par la voix du ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio : « Notre pays qui, dans le passé, a regretté les atrocités commises par Saddam Hussein et son régime, aurait malgré tout préféré une peine autre que la peine de mort. » Ce discours plutôt policé jure avec la réaction de la société civile. L’association Jamra, dirigée par Abdou Latif Guèye, a dénoncé vigoureusement l’exécution du dirigeant d’un pays musulman le jour même où une bonne partie de la Oumma célébrait l’Aïd al-Adha. Le timing de la pendaison a choqué même au-delà des pays musulmans. Au Rwanda, le mufti Cheick Saleh Habimana s’est insurgé contre « un acte chronométré pour susciter la colère des musulmans ».

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