Cherchez l’erreur

Publié le 7 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Vous connaissez l’adage : les Arabes ont de bons départs mais de mauvaises arrivées. Je voudrais tourner la chose autrement : les Arabo-musulmans ont de bonnes causes, mais ils échouent à les rendre défendables. Exemples :
– L’Occident s’en va allègrement en guerre, mais ne manque jamais de bonnes raisons pour se justifier. Quel talent pour coloniser, inférioriser, imposer son hégémonie avec la bénédiction des institutions internationales ! « Je suis un homme de paix, et c’est pour la paix dans le monde qu’il faut reconquérir Suez », jurait, la main sur le cur, le Premier ministre anglais de l’époque. C’est ce que répète Bush sans rire en Irak. Et ça marche. Mais écoutez les Arabo-musulmans parler de leur droit à la souveraineté ou à l’arme nucléaire, évoquer la juste cause des Palestiniens, des Irakiens ou des Tchétchènes, personne ne les entend vraiment.
– La religion chrétienne est loin d’être un manifeste pour le plaisir. Jouir n’est pas catholique, c’est connu. Et pourtant les chrétiens, laïcisés ou non, sont devenus les porte-parole de la liberté sexuelle. L’islam, lui, a appelé à jouir de tout. L’individu peut s’y éclater à condition que ce soit dans le cadre de la loi et dans la sphère du privé. Comment se fait-il que cette religion apparaisse aujourd’hui comme le symbole même de l’interdit et de la haine du sexe ?
– La cohabitation des fils d’Israël avec les fils de Jésus ne fut pas un long fleuve tranquille. De la crucifixion à la Shoah en passant par l’Inquisition, le martyre des Juifs doit beaucoup à l’Occident. Et pourtant, celui-ci nous est présenté comme le grand ami des enfants d’Israël et son soutien indéfectible. Mis à part le conflit actuel qui oppose les Palestiniens aux Israéliens, les Juifs furent depuis l’Antiquité les cousins et les compatriotes des Arabes. Comment réussit-on actuellement à faire croire que ces derniers ont toujours été les ennemis des Juifs ?

Je pourrais citer bien d’autres exemples. Je préfère réfléchir avec vous à ce mécanisme qui agit contre les Arabo-musulmans. Ma mère aurait dit que c’est le mauvais il. Mon voisin Mohamed, la jalousie. Comme cela n’explique pas cet étrange éteignoir qui enlève à chaque cause de l’islam, à chaque parole de l’Arabe l’étincelle de la légitimité, j’avancerai ici quelques hypothèses. Cet état de fait serait dû à :
– une intelligence combattant activement les Arabo-musulmans – la fameuse « théorie du complot » ;
– un manque de crédibilité imputable à leurs régimes, pour la plupart peu portés sur les pratiques démocratiques ;
– une conjoncture historique qui rend le monde sourd à leurs requêtes et un rapport de force politique qui les réduit à l’impuissance ;
– la propension des musulmans eux-mêmes à réagir par la violence ;
– l’affichage ostentatoire des signes religieux, ce qui voudrait dire que les musulmans seront écoutés le jour où leurs hommes ne porteront plus de barbes ni leurs femmes de fichus ;
– la conscience diffuse que les Arabo-musulmans sont les derniers à résister à un monde aseptisé et sans Dieu ;
– un défaut dans l’art de communiquer propre aux Arabes qui ont de bons produits mais de mauvais emballages ;
– mon incapacité de bonne femme à comprendre les finesses de la politique et les « stratégies ambiguës » qui, comme tout le monde sait, sont essentiellement du ressort des hommes.

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