AK-47 : un tueur fiable
L’AK-47 apporte la preuve que toute innovation n’est pas nécessairement bénéfique pour l’humanité, explique Larry Kahaner dans son livre, AK-47, The Weapon that Changed the Face of War. C’est lors de l’insurrection hongroise de 1956 que l’armée soviétique a, pour la première fois, utilisé l’AK. Capable de tirer des rafales meurtrières de 600 coups à la minute, cette arme a montré son efficacité alors même qu’elle n’exigeait pas une grande expérience des conscrits mal entraînés qui constituaient l’essentiel de l’armée soviétique. La révolte a été matée. Pas moins de 50 000 civils ont été tués.
Depuis cette époque, environ 100 millions d’AK-47 ont été fabriqués. Les Soviétiques, renonçant à se protéger par un brevet ou à réclamer des droits de licence, ont autorisé une « production en série » dans des pays allant de la Bulgarie à la Pologne, en passant par la Chine. Pendant la guerre d’Afghanistan, dans les années 1980, les Soviétiques ont mis en service un AK-47 amélioré tirant des balles plus petites et plus meurtrières. Mais les rebelles moudjahidine disposaient eux aussi d’AK, grâce à la CIA, qui leur en a livré quelque 400 000.
Après l’éclatement de l’Union soviétique, des centaines de milliers, peut-être des millions, de ces armes ont inondé le globe. En Afghanistan et au Pakistan, une offre considérable a suscité un marché noir florissant et une « culture du kalachnikov » dans lesquels l’AK-47 était omniprésent. L’AK-47 est devenu l’arme à feu préférée d’au moins cinquante armées de métier et d’un nombre indéterminé de bandes, insurgés, terroristes, mais aussi trafiquants de drogue et gangs urbains. Il a été inspiré à son inventeur, Mikhaïl Kalachnikov, en 1941, par le pistolet-mitrailleur Schmeisser des envahisseurs nazis. Alors qu’il se remettait de ses blessures, le jeune commandant de char s’est juré d’inventer une arme qui permettrait de défendre la patrie. Il lui a fallu toutefois des années de mise au point et de formation technique personnelle pour mettre au monde son enfant, l’Avtomat Kalachnikova 1947.
C’est au Vietnam que l’AK a vraiment gagné ses galons. Dans les accrochages en pleine jungle, le gagnant était celui qui tirait le maximum de balles dans le minimum de temps. L’Amérique a répondu avec sa propre arme automatique, le M-16, d’une pureté de ligne digne de l’âge spatial. Mais pendant des années, ce fusil a connu des problèmes.
Au Liberia d’abord, puis en Sierra Leone, en Somalie et au Rwanda, une nouvelle forme de guerre est apparue, caractérisée par des agressions contre les populations civiles et par de terribles atrocités. Est apparu aussi un nouveau type de combattant : les enfants. Pendant la guerre civile des années 1990 en Sierra Leone, les enfants de 7 à 14 ans représentaient jusqu’à 80 % des combattants. Armés d’un AK-47, ils faisaient autant de victimes qu’un adulte, note Kahaner.
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