Scandales
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Il fut un temps, pas si éloigné, où une information, un article de presse provoquaient une manifestation, voir une émeute, la chute d’un gouvernement ou même une guerre. Aujourd’hui que l’information est rapide, globale, que nous sommes instantanément tenus au courant du moindre petit événement qui se déroule à l’autre bout de la planète, nous ne réagissons plus à rien. […]
Sur notre continent africain, depuis cinq ans, des Angolais, des Guinéens, des Mozambicains sont dans les maquis. Les armes à la main, ils combattent le régime colonial le plus rétrograde qui ait jamais existé. Chaque jour, certains d’entre eux tombent. Nous en sommes informés. Nous ne sommes pas émus. Nous ne faisons rien. Le martyre de ces hommes, nos frères, se poursuit dans l’indifférence.
Il y a quelques jours, les dirigeants de ces mouvements de lutte rôdaient à Accra, dans les couloirs de la conférence de l’OUA. Le mémorandum qu’ils ont établi à l’intention des chefs d’État a-t-il été seulement lu ? S’il l’a été, il a vite rejoint les archives, avec un cachet dessus. Enregistré.
En même temps, au centre de l’Afrique, dans un pays qui porte le nom d’un homme d’affaires anglais, Cecil Rhodes, deux cent mille colons estiment pouvoir kidnapper la souveraineté d’un pays de 4 millions d’Africains. Cette prétention étonne un peu. Elle ne scandalise personne. […]
Autre scandale, interne à l’Afrique celui-là, et qui ne scandalise apparemment que quelques-uns : celui que constitue la « disparition », l’absence, au sens juridique du terme, d’Ahmed Ben Bella. Voilà un homme qui a été accepté par toute l’Afrique comme un patriote et un révolutionnaire, qui a été pendant près de trois ans le chef d’État de son pays. Qu’il soit renversé est une affaire intérieure à l’Algérie ; qu’il disparaisse comme dans une trappe, que lui soient déniés les droits les plus élémentaires de la personne humaine, celui de communiquer, fût-ce avec sa mère, d’être défendu et soigné, est un de ces scandales que notre époque a pris l’habitude d’accepter.
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