Pétrole : pourquoi la flambée est une bonne chose

Publié le 6 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Si le doublement des cours mondiaux de l’or noir n’a eu pour résultat que 10 % de baisse de la demande, c’est parce que le prix de l’essence comprend plus de 60 % de taxes, qui sont calculées à la tonne et ne sont donc pas affectées par les variations du baril de brut. Les Américains, qui ne subissent quasiment pas de taxes sur l’essence, en ressentent les effets bien plus fortement que les Européens. Il leur faut s’attendre à une baisse encore plus nette de la consommation. Ajoutons que la demande de carburant n’est pas très sensible à l’effet de prix : nos contemporains préfèrent se restreindre sur d’autres postes plutôt que de se priver de leur voiture climatisée et chauffée.
Plus les cours du pétrole se maintiennent au-dessus de 50 dollars le baril, plus l’impact sur la demande se fera sentir. Les utilisateurs vont se tourner vers des véhicules qui consomment moins et abandonneront l’essence pour le gazole. En Belgique, 70 % des véhicules vendus au cours de la première moitié de 2005 étaient équipés de moteurs Diesel, qui présentent le double avantage d’une consommation plus faible et d’un coût à la pompe plus favorable. On investira plus dans les énergies nouvelles et les systèmes d’économie d’énergie, devenus soudainement profitables. Il n’est pas surprenant que les actions des sociétés spécialisées dans les énergies renouvelables aient atteint des sommets au cours des derniers mois.
Enfin, peut-on dire si les cours du pétrole vont baisser de nouveau au cours des prochaines années ? Quasiment personne ne s’attend à un tel scénario. De l’avis général, le niveau devrait se situer au minimum au-dessus de 50 dollars le baril, en raison des problèmes d’approvisionnement et parce que la consommation augmente. L’industrie du pétrole n’a découvert que peu de nouveaux gisements, tandis que les coûts de production montent en flèche avec la mise en exploitation de zones moins accessibles. Dans le même temps, la demande en pétrole et en énergie continue de croître, en raison des milliards d’habitants qui réclament leur part de la prospérité mondiale en Asie et en Amérique latine.
Les politiques devraient donc songer à préparer les citoyens du monde à un futur dans lequel l’énergie restera onéreuse, et les gouvernements se tenir prêts à maintenir le prix du pétrole proche du niveau actuel, au besoin en augmentant la pression fiscale.

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