Prisons secrètes offshore

Publié le 6 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Après les révélations du New Yorker sur les humiliations et les tortures infligées aux prisonniers irakiens d’Abou Ghraib, et celles de Newsweek sur les conditions de détention à Guantánamo, c’est au tour du Washington Post de dénoncer un maillon de la chaîne de non-droit mise en place par les États-Unis dans le cadre de sa « guerre contre le terrorisme ».
Il s’agit cette fois des « sites noirs » de la CIA : un réseau de prisons secrètes établies par l’agence américaine du renseignement dans huit pays étrangers. Pour interroger loin des regards, et au mépris des règles du droit international, « les gros bonnets » présumés de la nébuleuse terroriste d’al-Qaïda.
Afghanistan, Thaïlande, ainsi que plusieurs pays d’Europe de l’Est – dont les noms n’ont pas été révélés à la demande de responsables américains – accueilleraient, ou auraient accueilli, ces centres de détention illégaux. Une information immédiatement démentie par la Pologne et la Roumanie sur lesquelles, selon l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, pèsent de fortes présomptions. Mais aussi par la Thaïlande, la Bulgarie et la Lituanie. Seule la République tchèque a avoué avoir été récemment sollicitée par Washington.
D’après les informations obtenues de sources américaines et étrangères par le quotidien d’outre-Atlantique, une centaine de « prisonniers fantômes » séjourneraient dans ces geôles délocalisées, dont seuls une poignée de responsables – aux États-Unis et dans les pays concernés – connaîtraient l’existence et l’emplacement. Parmi les détenus : trente figures importantes du terrorisme, comme Ramzi Binalshibh, l’un des coordinateurs présumés des attentats du 11 septembre 2001, ou Khaled Cheikh Mohamed, numéro trois du réseau, et chef de « l’opérationnel ». Privés de statut juridique, ces prisonniers n’auraient aucun autre contact avec le monde extérieur que les agents de la CIA. Quelque soixante-dix autres suspects seraient entre les mains de pays tiers comme l’Égypte, la Jordanie ou le Maroc, pour y être interrogés par les services de renseignements locaux sous la houlette de l’agence américaine.
Dénoncés depuis plusieurs mois par les organisations de défense des droits de l’homme, les cachots secrets de la CIA auraient été établis après que George W. Bush eut délivré à l’Agence, une semaine après les attentats du 11 septembre, un permis de tuer, de capturer et de détenir toute personne soupçonnée d’appartenir à al-Qaïda.

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