Pour prix de « Mauvaises Pensées »

Publié le 6 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Nina Bouraoui a bien fait d’avoir de mauvaises pensées puisqu’elles ont été couronnées, le 3 novembre, par le Renaudot. Elle l’a emporté au… dixième tour de scrutin par six voix contre cinq à Alain Mabanckou, auteur de l’étonnant Verre Cassé (Le Seuil). Le neuvième livre de cette jeune auteure franco-algérienne de 38 ans, récompensée dès son premier roman, La Voyeuse interdite, en 1991, par le Prix du Livre Inter, est probablement le plus intimiste de tous (voir J.A.I. n° 2337). Dès qu’on y entre, c’est une voix qui nous parle à perdre haleine, sans reprendre son souffle et, surtout, en conjuguant passé et présent au même temps : celui de l’écriture.
Bien sûr, dans Mes Mauvaises Pensées (Stock) il est question d’écriture mais aussi de cette foultitude de petits et grands événements qui sont à la source même de la nécessité d’écrire. Plus précisément, ce livre est le récit d’une confession : celle de la narratrice au Docteur C (et forcément au lecteur). Elle nous parle en vrac de son enfance, de « son » Algérie, de Nice, de Rennes, de Paris, de ses amours féminines et autres souvenirs affleurant dans un apparent pêle-mêle qui n’a rien de fortuit. Et cette vie-là ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de l’auteure, née en 1967, à Rennes, d’un père algérien et d’une mère française.
Interrogée à propos de ce livre, Nina Bouraoui confie : « J’ai voulu raconter le métier de vivre et le métier d’aimer. Ce n’est pas le récit d’une thérapie, ce n’est pas une légende, c’est un roman, parce que c’est une histoire rapportée ; c’est l’histoire de ma famille, de l’Amie, de la Chanteuse, d’Hervé Guibert, c’est l’histoire de mes deux pays. Je n’ai jamais quitté l’Algérie, on m’a enlevée à l’Algérie, je n’ai jamais fait mes adieux, j’ai appris à devenir en France et je crois que je suis née deux fois. Mes Mauvaises Pensées est aussi mon retour vers le pays où j’ai laissé quelque chose qui n’a jamais cessé de grandir dans mon dos, et qui n’a jamais cessé de m’effrayer. »

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