Il n’y a pas de fatalité africaine

Publié le 6 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Le paludisme se transmet lorsqu’un moustique anophèle femelle absorbe, pour se nourrir, le sang d’une personne déjà infectée. « Avalé » par le moustique, le parasite, cause de l’infection, se retrouve dans son estomac. Là, il connaît une transformation après laquelle il retourne dans les glandes salivaires du moustique. Il y séjourne jusqu’à ce qu’il soit injecté dans le sang d’une autre victime. Et c’est là le point clé. Ce cycle vital, qu’on appelle la sporogonie, prend environ quinze jours, à peu près la durée de vie du moustique lui-même. Si le moustique meurt avant la fin de la sporogonie, il ne devient jamais infectieux. L’élément écologique fondamental est que plus il fait chaud, plus la sporogonie est rapide, et par conséquent, plus il y a de risques que le moustique vive assez longtemps pour devenir infectieux. Le paludisme est essentiellement une maladie tropicale : or, pour ce qui est de la chaleur, l’Afrique est bien servie !
L’autre point important est que certains types de moustiques préfèrent piquer des êtres humains, alors que d’autres préfèrent le bétail. Pour que la maladie soit transmise, le moustique doit piquer deux fois un être humain : la première fois pour absorber le parasite, la seconde pour contaminer une autre personne, environ quinze jours plus tard. Si le moustique se nourrit plus souvent avec le sang du bétail qu’avec le sang humain, les probabilités sont que l’une des deux piqûres au moins, sinon les deux, se fera sur du bétail. En Inde, par exemple, le type d’anophèle prédominant a tendance à piquer les êtres humains une fois sur trois. L’Afrique, malheureusement, est affligée d’un type de moustique qui préfère piquer les êtres humains presque exclusivement. Mathématiquement, la probabilité qu’un moustique indien se nourrisse sur deux êtres humains d’affilée est d’environ une fois sur neuf, alors qu’en Afrique c’est pratiquement à chaque fois. Le risque de transmission du paludisme en Afrique est donc environ neuf fois plus élevé qu’en Inde en raison de la différence d’espèce des moustiques.
Face au paludisme, l’Afrique accumule ainsi les malchances : forte chaleur, multitude de gîtes de reproduction et moustiques qui préfèrent les êtres humains au bétail. Le tout aboutit à la carte ci-dessous. L’Afrique subit de plein fouet le risque écologique. Seule la Papouasie-Nouvelle Guinée en est victime au même degré. […]
C’est le piège parfait. Le paludisme appauvrit le pays, qui n’a plus les moyens de prévenir et de guérir la maladie. Mais la situation n’est pas désespérée, loin de là. Les armes antipaludéennes peuvent être efficaces en Afrique comme ailleurs. Même si elles n’éradiquent pas la maladie comme elle a été éradiquée en Europe ou aux États-Unis, l’épidémie peut-être maîtrisée et le nombre de ses victimes considérablement réduit.

* Extrait de The End of Poverty, The Penguin Press, 2005.

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