Hiroshi Hirabayashi

Ambassadeur du Japon en France

Publié le 6 novembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Diplomate chevronné, Hiroshi Hirabayashi (65 ans) est ambassadeur du Japon en France. Marié et père de deux enfants, il est arrivé à Paris en septembre 2002, après quatre ans à New Delhi. Un « retour aux sources » pour ce passionné de Rousseau et de Chateaubriand, qui a fait une partie de ses études à Poitiers et à Aix-en-Provence. « En 1963, les gens avaient du mal à situer le Japon sur une carte. À Poitiers, étant le seul Japonais, on me prenait souvent pour un Vietnamien. Les choses ont bien changé aujourd’hui… » Entretemps, il est vrai, le Japon est devenu la deuxième puissance économique et financière mondiale. Et il exerce des responsabilités croissantes sur la scène internationale.
Deuxième contributeur, après les États-Unis, au budget des Nations unies et acteur majeur de la coopération internationale, il aspire à devenir membre permanent au Conseil de sécurité. L’intransigeance de la Chine l’en a empêché au mois de septembre, mais il ne désespère pas. Toujours très réalistes, les Japonais – contrairement, par exemple, aux Africains – ne font pas de l’obtention d’un droit de veto la condition sine qua non de la réussite d’une réforme de l’ONU. « Bien sûr, il serait préférable que tous les membres permanents aient le même statut, commente l’ambassadeur. Mais les cinq pays qui disposent actuellement d’un droit de veto n’étant pas prêts à renoncer à leur privilège, mieux vaut se montrer pragmatique. L’essentiel, à nos yeux, est de siéger en permanence. Chaque fois que le Conseil décide d’une opération de maintien de la paix, il nous engage financièrement à hauteur de notre quote-part budgétaire, qui est de 20 %. Il est donc normal que nous ayons voix au chapitre. Dans le cas contraire, il faudrait songer à mieux répartir le fardeau. »

Le propos est courtois, mais le ton ferme. Le Japon ne veut plus s’en laisser conter et place ses pions sur la scène diplomatique, où il a longtemps été sous-représenté. Mais il n’envisage pas de présenter de candidat au secrétariat général de l’ONU, alors qu’un Asiatique devrait succéder à Kofi Annan, en 2006. Tokyo n’a même pas encore choisi entre les deux candidats déclarés, le Thaïlandais et le Sri-Lankais. Trop tôt… En revanche, il a mis tout son poids dans la balance pour que sa représentante, Sawako Takeuchi, soit nommée dans le courant de ce mois à la direction générale de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Spécialiste au profil apolitique mais à la compétence reconnue (elle a notamment enseigné à l’École des ponts et chaussées, à Paris), cette dernière pourrait ainsi devenir la troisième personnalité japonaise – après Sadako Ogata au HCR (1990-2000) et Koïchiro Matsuura à l’Unesco (depuis 1999) – à diriger une grande organisation internationale.

la suite après cette publicité

Depuis Paris, Hirabayashi coordonne aussi la mise en oeuvre de la politique africaine de son pays. En 2004, entre 10 % et 11 % de l’aide japonaise au développement, soit 530 millions de dollars, ont été consacrés aux pays subsahariens. Et le montant de cette aide triplera en 2007, a promis le Premier ministre Junichiro Koïzumi. À cela s’ajoute l’annulation de 5 milliards de dollars de créances bilatérales dont ont bénéficié certains pays très endettés. Et l’effacement, à partir de l’an prochain, de créances d’un montant d’une dizaine de milliards, à titre de contribution à l’annulation de la dette multilatérale. Cette opération s’inscrit dans le prolongement des engagements pris par le G8 lors du sommet de Gleneagles, au mois de juillet. « Sur le principe, nous restons opposés à un effacement de l’ensemble de la dette, car ce serait encourager les mauvais payeurs, explique l’ambassadeur. L’effet à long terme pourrait d’ailleurs se révéler désastreux, en coupant définitivement les pays pauvres du marché international des capitaux. Mais il fallait faire un geste fort en direction des plus endettés d’entre eux. »
Le Japon, qui organise tous les cinq ans la Conférence de Tokyo sur le développement de l’Afrique, la Ticad (prochaine édition en 2008), et s’emploie à renforcer la coopération entre l’Asie et l’Afrique, veut parallèlement s’impliquer davantage dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix sur le continent. Comme il l’a déjà fait au Mozambique et au Rwanda.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires