Extradition ou impunité ?

Publié le 6 novembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Six semaines après le lancement par la justice belge d’un mandat d’arrêt international à l’encontre de l’ex-président tchadien Hissein Habré, rien n’a encore bougé à Dakar. Le cabinet de Cheikh Tidiane Sy, le ministre sénégalais de la Justice, et celui de Cheikh Tidiane Gadio, son collègue des Affaires étrangères, sont pourtant en possession de copies de ce mandat, juridiquement exécutoire (même s’il n’existe pas de convention en ce domaine entre les deux pays). Ces documents leur ont été transmis, le 22 septembre, par le conseiller politique de l’ambassade de Belgique, mais le procureur général auprès de la cour d’appel de Dakar n’a toujours pas été saisi du dossier – un délai considéré comme « anormal » par l’ONG américaine Human Rights Watch, très en pointe dans cette affaire. À l’évidence, le président Abdoulaye Wade, à qui reviendra in fine la décision d’extrader ou non l’ancien dictateur en cas d’avis favorable de la chambre d’accusation de la cour d’appel, est très embarrassé. D’un côté, il subit les discrètes pressions de la part d’États (Canada, Suisse, Belgique), de personnalités (Kofi Annan, Louise Arbour, Alpha Oumar Konaré) et d’ONG favorables à l’extradition – à noter l’absence totale de position de la France et des États-Unis dans ce dossier -, et, de l’autre, il doit faire face à un exilé dont il a hérité et qui ne manque pas de ressources. Habré est en effet toujours soutenu par le calife général de la confrérie des Tidjanes, un « grand électeur » d’importance dans la perspective de la présidentielle de 2007. Et Wade a récemment confié avoir fait l’objet de démarches de la part de plusieurs membres du « syndicat des chefs d’État », hostiles à une extradition qui pourrait faire jurisprudence. Quant à Habré lui-même, il se dit, de bonne source, très confiant voire décidé à demander (et à obtenir) la nationalité sénégalaise, qui le rendrait « inextradable ». D’après lui (et son entourage), l’avocat américain Reed Brody, conseiller spécial de Human Rights Watch et son principal pourfendeur, est, selon les jours, un « agent de Kadhafi » acharné à sa perte, un « juif haineux » obsédé par le bon musulman qu’il est, ou les deux à la fois…

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