Bongo Ondimba for ever

Publié le 6 novembre 2005 Lecture : 3 minutes.

Omar Bongo Ondimba ne devrait pas avoir trop de soucis à se faire pour sa réélection. Même si la campagne officielle ne débutera que le 13 novembre – la présidentielle étant fixée au 27 novembre -, pour beaucoup, la messe est dite. Car le doyen des chefs d’État africains est archi-favori. Outre les moyens considérables dont il dispose, le mode de scrutin, majoritaire à un tour, l’avantage considérablement face à une opposition à la fois divisée, désargentée et mal organisée.
La troisième présidentielle pluraliste du Gabon mettra aux prises cinq prétendants. En lice, outre le sortant, Zacharie Myboto, Pierre Mamboundou, Augustin Moussavou King et Christian Maroga. Un sixième postulant, le pasteur Ernest Tomo, s’est désisté au profit du président Bongo Ondimba, pour obéir, a-t-il expliqué, à un « commandement divin ».
Les candidatures de Moussavou King (Parti socialiste gabonais, PSG) et de Christian Maroga (indépendant) sont tenues pour anecdotiques. Celle de Pierre Mamboundou, maire de Ndendé (Sud) et président de l’Union du peuple gabonais (UPG), est dans l’ordre des choses. Opposant historique, Mamboundou avait recueilli 16,5 % des voix en 1998. Mais l’homme, dont même les adversaires louent l’intégrité, ne semble pas en mesure d’améliorer ce score. Il tient un discours de rupture et veut, dans un souci d’économie, ramener à dix-sept le nombre des ministres, réduire de moitié celui des députés et supprimer le Sénat. Mais il ne possède pas un appareil à la mesure de ses ambitions. « Mamboundou manque certes de moyens, concède un politologue. Mais il n’a pas suffisamment travaillé le terrain pour convertir politiquement le mécontentement social. Les gens le connaissent, mais ils n’ont jamais vu ses militants. Contrairement au père Mba Abessole, qui avait fait deux fois le tour du Gabon, village par village, avant la présidentielle de 1993, où il avait atteint le second tour, Mamboundou est d’une discrétion déroutante. Son attitude reste une énigme. »
Le parcours de Zacharie Myboto est aux antipodes de celui du leader de l’UPG. Issu de l’intérieur du système, transfuge du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir), Myboto a créé sa propre formation, l’Union générale pour la démocratie et le développement (UGDD, encore en attente de légalisation). Ancien « numéro deux officieux » du régime, sa candidature suscite un mélange de curiosité et de scepticisme. Beaucoup, comme ce ministre qui a longtemps travaillé avec lui, pensent qu’il veut avant tout régler des comptes avec les « rénovateurs » du PDG, ces jeunes réformateurs coupables de l’avoir égratigné, lui, le vieux cacique : « Myboto sait qu’il n’a aucune chance de l’emporter, mais il veut faire mal, en grappillant des voix. Et jeter le trouble sur la régularité du scrutin en faisant campagne sur la fraude. Il cherche à se positionner pour « l’après », mais c’est un calcul alambiqué. En focalisant les attaques sur lui, on lui prête trop d’importance. » Reste que Myboto, qui dénonce le boycottage dont il est l’objet de la part des médias, vise juste. Il a réussi à faire salle comble lors de l’annonce officielle de sa candidature. Mais, de l’avis de beaucoup, il n’est pas le mieux placé, vu son itinéraire, pour incarner le changement…
Dans ces conditions, le président Omar Bongo Ondimba joue sur du velours. Il a devancé la demande sociale en décrétant la gratuité des frais de scolarité pour la rentrée 2005-2006 et en promettant un mois d’électricité et d’eau gratuites pour les ménages dont la consommation mensuelle n’excède pas 50 000 F CFA. Il a mobilisé le ban et l’arrière-ban de la majorité présidentielle, à charge pour chacune des quarante formations qui la composent de concourir à sa réélection. Habilement, il a décidé de ne pas nommer de directeur de campagne, pour que chacun se sente concerné. Son adversaire numéro un : l’abstention. Plus sphinx que jamais, Omar Bongo Ondimba reste bel et bien le maître du jeu politique.

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