Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 6 août 2006 Lecture : 5 minutes.

Gbagbo et le diktat de la France
– La situation de crise en Côte d’Ivoire et les contorsions internationales montrent à quel point Frantz Fanon avait raison : « L’indépendance ne s’octroie pas, elle s’arrache, les armes à la main. » Qu’un soulèvement armé ait eu lieu en Côte d’Ivoire, cet événement fait partie des soubresauts de l’humanité dont il appartiendra à l’Histoire d’apprécier la portée, les causes et les conséquences. Mais comment concevoir qu’un État dit indépendant et disposant d’institutions démocratiques soit obligé, sous la pression de forces centrifuges, de recourir à l’arbitrage d’un dispositif non africain pour résoudre ses problèmes ? Le président Gbagbo, professeur d’histoire, a bien saisi cet aspect pour opposer un refus systématique d’allégeance au diktat de la France ou de quelque puissance que ce soit. Pour insignifiant que puisse paraître le poids économique de l’Afrique, le continent a en effet une place, et la voix de chacun de ses États est une voix respectable qui peut en certaines circonstances être déterminante. Il s’agit pour les Africains de prendre conscience de cet atout, de le faire valoir et d’en user chaque fois que cela sera nécessaire.
Sissa Le Bernard, philosophe et diplomate, Bangui, Centrafrique

Ministre de la rébellion
– Aujourd’hui, l’Occident fait plus confiance aux mouvements de rébellion qu’aux partis politiques. Avec l’exemple de la Côte d’Ivoire et celui de la RD Congo, il semble que la voie la plus courte et la plus sûre pour accéder à un portefeuille ministériel est la rébellion. Sinon comment expliquer l’attribution – exigée par la communauté internationale – de postes ministériels à des rebelles tels Soro, Bemba, etc. ? Alors que ceux qui ont choisi depuis belle lurette de créer des partis politiques n’ont pas de crédibilité auprès de cette même communauté. À mon avis, l’Occident encourage la rébellion pour retarder le développement de l’Afrique. On nous a fait changer nos Constitutions en affirmant qu’il faut des élections pour accéder au pouvoir. Ce n’est pas ce que l’on constate.
Jean-Luc Diatta, Dakar, Sénégal

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Ely Ould Mohamed Vall et Montesquieu
– Je voudrais saluer les propos du président mauritanien, rapportés dans la rubrique « Ils ont dit » (J.A. n° 2373), qui me renvoient à Montesquieu : « Il n’est pas bien que les mêmes gens gouvernent trop longtemps. » Même si Mohamed Vall a pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État – non violent -, une rébellion éclairée en temps de stagnation n’est-elle pas la bienvenue ? Petite devinette en attendant que ce vent de changement venu de l’Ouest se propage :
– Quelle est la différence entre un chef d’État arabe et un pit-bull ?
– Le pit-bull peut lâcher prise.
Zied Bakir, Sfax, Tunisie

Mauritanie : exemple à suivre
– En parcourant l’article consacré à Ely Ould Mohamed Vall, je me suis surpris à rêver d’une Afrique en mouvement, avec des dirigeants responsables et attachés à leur mission : servir le pays et son peuple. La réalité me rappelle cependant qu’il ne s’est agi que d’un mirage, l’évolution politique actuelle truffée de revirements constitutionnels et de détournements des deniers publics préfigurant un retour à un ordre ancien que, malheureusement, le « vent de 1990 » n’aura su emporter. Mais le tort revient-il seulement à ces dirigeants ventripotents ? Non. Les leaders de nos oppositions – ou de ce qu’il en reste – se sont rendus coupables de cette situation en ne jouant pas le rôle qui était le leur, mais en s’installant plutôt dans une complicité tant active que passive avec les tenants du pouvoir. Les populations africaines ne se satisferont jamais de leur pauvreté grandissante : si rien n’est fait pour elles dans les prochains mois, il est plus que certain qu’elles prendront en main leur destinée. Il est vrai que la période de transition n’a pas encore pris fin en Mauritanie, mais l’évolution de la société augure d’un développement certain, soutenu et rapide. Que la communauté africaine puisse répandre l’image d’hommes exceptionnels – exceptionnels sous nos cieux – tels Abdou Diouf, Jerry Rawlings, Amadou Toumani Touré, Ely Ould Mohamed Vall, ne devrait pas offusquer le président de la Commission de l’Union africaine, qui est lui-même un modèle. Je sais que Vall ne nous décevra pas. Puissent tous les Africains partager un tel idéal afin que la misère ne soit plus qu’un triste et lointain souvenir pour nos peuples ! Je reste confiant et optimiste.
A.P. Bhongo-Mavoungou, Libreville, Gabon

Djibouti a aussi ses Arabes
– Dans votre « Plus » Djibouti (J.A. n° 2372 du 25 juin), et plus précisément dans la fiche signalétique, vous laissez entendre que le peuplement de la République de Djibouti se réduit à deux communautés, puisque, à côté des Afars, les Issas et les Issaks appartiennent à la même communauté somalie. Vous oubliez de citer la communauté arabe, mais aussi les Gadaboursis, appartenant eux aussi à la communauté somalie.
Mohamed Sadek

Réponse : Merci pour ces précisions. Sachez toutefois que ces fiches signalétiques sont par nature très synthétiques. Dans le cas d’espèce, nous n’avions pas pour ambition de citer toutes les communautés de Djibouti, ni d’ailleurs d’opérer quelque classification que ce soit.

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La symphonie Senghor, un feu d’artifice !
– En découvrant votre hors série consacré au centième anniversaire de la mort de Léopold Sédar Senghor, je me disais : « Les connaissant, ils vont à nouveau se surpasser. » Je m’attendais à un quatuor à cordes et c’est à un orchestre de chambre que j’ai eu droit. Un véritable feu d’artifice ! Moi qui ne connaissais de LSS que ce que Larousse m’en disait, j’ai eu droit à une leçon d’histoire et de géopolitique post-coloniale sous la direction des plus fines plumes du groupe Jeune Afrique, dont Siradiou Diallo (j’ignorais jusqu’à son existence) et Philippe Gaillard (je ne savais pas qu’il avait été conseiller à la présidence), tous deux remarquables. J’ai apprécié les deux constats que vous faisiez sur le Sénégal : l’économique, piètre il est vrai, et, plus inquiétant, le politique (la démocratie y est-elle vraiment installée ?). C’est exactement mon avis depuis les derniers développements politiques et l’embastillement de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck.
Christian Schnyder, Neuchâtel, Suisse

Air Afrique torpillée par Air France
– Lorsque vous affirmez que Jean-Cyril Spinetta, PDG d’Air France, « tenait à sauver Air Afrique » (J.A. n° 2373), je suis partagé entre révolte et envie de rire. Tous ceux qui croyaient s’enrichir sur les cendres d’Air Afrique et qui n’ont ménagé aucun effort pour participer activement à sa mort se posent encore des questions sur leurs déboires. Je ne comprendrai jamais pourquoi un actionnaire principal, comme l’était Air France dans Air Afrique, se permet de torpiller toutes les actions menées pour sauver une entreprise dont il a délibérément acheté des actions.
Jean-Marie Akpwabot, Abidjan, Côte d’Ivoire

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Réponse : Jean-Cyril Spinetta a proposé en juin 1999 un plan de relance au directeur général d’Air Afrique, puis s’est associé en 2002 au projet de nouvelle compagnie Air Afrique, pilotée par le gouverneur Charles Konan Bany. Le déclenchement de la guerre en Côte d’Ivoire (19 septembre 2002) a empêché la tenue du sommet des chefs d’État (rencontre prévue pour le 25 octobre 2002) qui devait examiner la proposition de création de la nouvelle entité. P.A.

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