L’équation chiite

Publié le 6 août 2006 Lecture : 2 minutes.

La confrontation entre Israël et le Hezbollah met Washington dans une position délicate. La raison ne tient pas au nombre de civils tués par les bombardements de Tsahal (quelque 900 au 24e jour de l’agression israélienne), mais au fait que le Hezbollah incarne aujourd’hui la communauté chiite. Or cette communauté constitue, avec les Kurdes, le principal interlocuteur des Américains dans leur bourbier irakien. Majorité politique dans les nouvelles institutions élues sous occupation américaine, ses représentants assument les premiers rôles politiques dans l’Irak post-Saddam Hussein. Celui que tente de façonner l’administration Bush. Or le soutien inconditionnel à l’allié israélien et la diabolisation du Hezbollah qu’il implique ont déclenché le courroux des chiites irakiens. Même le quiétiste grand ayatollah Ali Sistani, connu pour son infinie modération, hausse le ton (voir Kiosque p. 23). Le jeune imam Moqtada Sadr, chef du Djeich al-Mahdi, principale milice chiite, est plus direct. Pour lui, l’État hébreu et les États-Unis sont coresponsables des événements au Liban. Précision utile : Moqtada Sadr a été reçu en grande pompe au Sud-Liban par Hassan Nasrallah, en février 2006.
Si l’acharnement américain à propos du nucléaire iranien a semé le doute chez les chiites irakiens, l’alignement manifeste de Washington sur les positions de Tel-Aviv et son refus de toute idée de cessez-le-feu risquent de provoquer leur colère. Ayant déjà fort à faire avec les sunnites, l’armée américaine pourrait voir ses pertes décuplées si les chiites se joignaient à la résistance contre l’occupation. Les milices, la garde nationale, jusqu’à l’armée irakienne pourraient basculer du côté des insurgés. « Si les chiites lâchaient les Américains, cela compliquerait le processus politique en cours, affirme un diplomate arabe accrédité à Bagdad, et rendrait encore plus difficile la donne sécuritaire. »
Le Grand Moyen-Orient cher à George W. Bush est décidément une opération compliquée à mettre en uvre. D’autant que l’équation chiite ne s’arrête pas au Sud-Liban ou à l’Irak. Le 1er août, pour la première fois depuis l’avènement des Saoud, les chiites de la riche province pétrolière du Hassa, à l’est de l’Arabie saoudite, se sont fortement mobilisés pour manifester leur soutien au Hezbollah. Au grand dam de la dynastie régnante.

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