La rue contre les urnes

Chaque semaine, depuis un mois, la gauche défile à Mexico pour contester la victoire du candidat de droite Felipe Calderón.

Publié le 6 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Mexico, dimanche 30 juillet 2006. Toutes les avenues qui conduisent à la place du Zocalo, en centre-ville, sont envahies par la foule. Pour la troisième fois en un mois, les partisans d’Andrés Manuel López Obrador, dit Amlo, répondent à son appel pour dénoncer les fraudes et réclamer un nouveau décompte des voix. Combien sont-ils ? Un million ? Le double ? Selon eux, c’est Amlo, le leader du Parti de la révolution démocratique (PRD), qui a remporté l’élection présidentielle du 2 juillet, et non pas Felipe Calderón, ancien ministre de l’Énergie du président Vicente Fox et candidat du Parti d’action nationale (PAN). Ils ne croient pas aux « résultats préliminaires » de l’Institut fédéral électoral (IFE), qui ont donné 400 000 voix d’avance à Calderón (35,89 % des suffrages, contre 35,31 % à Amlo). La gauche ne croit pas que son champion ait pu se maintenir en tête des sondages pendant un an, pour finir par perdre. Confirmant ses doutes, des informations mettant en cause la régularité du scrutin lui parviennent de partout. Dans certains États, on dénombre plus de votes que de bulletins distribués. Difficile d’admettre également que, dans les États du Sud, réputés très favorables au PRD, il y ait eu plus de suffrages exprimés pour renouveler une partie du Sénat que pour désigner le président de la République Des chercheurs de l’Université nationale autonome du Mexique (Unam) ont également mis au jour des aberrations mathématiques. Selon eux, le résultat est statistiquement impossible, car à aucun moment les courbes des candidats ne se sont croisées. Les chercheurs, partisans d’Amlo, avancent deux explications : soit le programme de traitement informatique des résultats préliminaires a été altéré pour donner une avance à Calderón, soit l’IFE a délibérément choisi de ne divulguer que les résultats des bureaux favorables à ce dernier. Et si on ajoute à cela la présence d’un certain Diego Zavala, beau-frère de Calderón, au sein de la société qui a fourni les programmes informatiques à l’IFE, on comprend qu’Amlo puisse avoir déposé des recours et réclamé un nouveau décompte manuel des voix.
Avec un budget de 900 millions d’euros et plus de 25 000 observateurs, nationaux ou étrangers, ces élections auraient pourtant dû être les mieux organisées, les plus fiables et les plus transparentes de l’histoire du pays. Telle était en tout cas l’ambition affichée par Vicente Fox, le président sortant, dont la victoire en juillet 2000 a mis fin à sept décennies de domination absolue du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). L’implication active de Fox contre Amlo, accusé d’être un émule du Vénézuelien Hugo Chávez, a été dénoncée par la coalition de gauche et renforce aujourd’hui ses craintes quant à la transparence du scrutin.
Le 6 septembre, les sept juges du Tribunal électoral du pouvoir judiciaire fédéral (TEPJF) diront qui est déclaré président. Et auront besoin de toute l’autorité morale dont ils jouissent auprès des Mexicains pour faire respecter leur décision.

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