La BGD en première ligne

Avec ses filiales spécialisées, la Banque gabonaise de développement se lance dans le logement social.

Publié le 6 août 2006 Lecture : 3 minutes.

Akébé-Ville, un quartier populaire de Libreville, lundi 17 juillet, milieu de matinée. Les forces de police encerclent un bâtiment désaffecté, l’ancien siège du Parti démocratique gabonais (PDG), pour en expulser, sans ménagement, 300 squatteurs, dont une vingtaine de handicapés, qui y avaient élu domicile. Les familles, qui s’étaient vu remettre chacune une enveloppe de 500 000 F CFA (760 euros) en guise d’indemnisation, avaient refusé de plier bagage, arguant qu’elles ne trouveraient pas à se reloger ailleurs. Une opération de « déguerpissement » comme il s’en produit des centaines, chaque jour, sur le continent, qui met tristement en évidence le terrible déficit en logements sociaux des villes africaines. La capitale du Gabon n’échappe pas à la règle. Même si, depuis quelques mois, autorités et opérateurs économiques semblent davantage conscients du problème et de l’urgence des solutions à lui apporter.
Signe, parmi d’autres, de cette évolution, la création, par la Banque gabonaise de développement (BGD), d’une filiale entièrement dédiée à la question, la Banque de l’habitat du Gabon (BHG). Objectif : promouvoir l’accès au logement pour toutes les couches de la population, y compris les ménages aux revenus modestes, c’est-à-dire inférieurs ou égaux à 300 000 F CFA mensuels. Dirigé par Christian Bongo, l’un des fils du chef de l’État gabonais, l’établissement détenait déjà une certaine expertise dans le domaine. Depuis la faillite, dans les années 1990, du Crédit foncier du Gabon (Crefoga), dont il a repris les actifs et les créances douteuses, il était le seul à consentir des prêts immobiliers sur dix ans, pour favoriser l’accession à la propriété. « Les autorités nous ont demandé d’aller un peu plus loin. De notre côté, nous avions retenu le logement social comme l’un des trois axes prioritaires, avec l’éducation et la santé, de notre politique de lutte contre la pauvreté. Nous avons conclu des partenariats avec les banques de l’habitat de Tunisie et du Sénégal, et l’idée de créer une filiale spécialisée a fait son chemin », explique Christian Bongo.
La BHG, qui tablait sur une aide de l’État qui n’est finalement pas arrivée, a trouvé un partenaire financier de poids du côté de la Libye. Sa holding d’investissement Libyan Foreign Investment Company (Lafico) a décidé d’entrer dans le capital de la nouvelle structure. L’idée de départ consiste à proposer des villas individuelles de deux à trois chambres, avec cuisine, sanitaires, et terrains viabilisés, à 20 millions de F CFA, remboursables sur vingt ans. « Il a fallu convaincre architectes et entrepreneurs de jouer le jeu, note Christian Bongo, nous nous sommes heurtés à l’incrédulité générale, mais, finalement, nous avons relevé le pari, avec l’aide d’une société de construction marocaine et, aujourd’hui, plusieurs maisons témoins sont sorties de terre et le carnet de commandes est déjà plein. »
Afin de mieux maîtriser les coûts, la BGD a créé une autre structure, la Société immobilière de promotion de l’habitat et d’aménagement (Sipha), qui joue un rôle de promoteur. Elle ne désespère pas de pouvoir offrir, dans un futur proche, des maisons « d’entrée de gamme » au tarif de 10 millions de F CFA. Prudent, le scénario initial prévoyait la construction de 600 à 700 villas par an à partir de septembre 2006. L’arrivée des Libyens permettra d’accélérer le rythme. L’idéal serait de livrer 5 000 nouveaux logements sociaux par an, seuil au-delà duquel l’habitat insalubre commencera vraiment à régresser.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires