Dialectique du bourreau et de la victime

Publié le 6 août 2006 Lecture : 2 minutes.

Israël est en train de détruire le Liban, son voisin, un pays pacifique et souverain : ports, aéroport, usines, centrales électriques, ponts, routes, immeubles d’habitation, infrastructures économiques diverses, tout y est passé. Aux dégâts matériels s’ajoutent les morts de civils par centaines, hommes, femmes, enfants, vieillards, et l’exode de centaines de milliers de personnes. Les prétextes « il faut sauver le soldat Ryan », « il faut détruire le Hezbollah », sont fallacieux et hypocrites. Ce qui est visé, c’est bel et bien le Liban lui-même, et l’ensemble du Proche-Orient, qu’il faut encore et toujours empêcher de se développer, ramener chaque fois plusieurs décennies en arrière et redessiner la région à l’avantage d’Israël.
Comment les survivants d’abominables massacres peuvent-ils à leur tour en perpétrer et déclencher eux aussi des exodes ? Comment des victimes peuvent-elles devenir bourreaux ? Comment Israël ne voit-il pas que ce n’est pas seulement ses voisins qu’il assassine, mais la paix, et que chacune de ses bombes ne fait que creuser davantage le fossé entre lui et l’océan humain dans lequel il vit ? Pour comble de malheur et d’injustice, pas une seule voix, de celles qui comptent dans ce monde, n’a condamné l’auteur de cette apocalypse. Tout autre qu’Israël l’eût été unanimement et pour bien moins. Mais Israël, non. « Réaction disproportionnée » lui a-t-on tout au plus signifié, en s’excusant presque. Le « peuple élu », bénéficierait-il d’une immunité ? En réalité, la seule raison qu’Israël peut invoquer est celle du plus fort.
Oui, Israël est fort. Fort de son armée, la quatrième du monde, de sa diaspora, de sa propagande, de son influence et de sa capacité de représailles, qui peuvent prendre toutes les formes, et pas seulement militaires. Mais il lui manque une force essentielle, la force du droit et de la morale et c’est en leur nom que :
– J’accuse Israël d’être un État dominateur, guerrier et conquérant.
– J’accuse Israël de commettre depuis plus de cinquante ans des crimes contre ses voisins.
– J’accuse Israël de provoquer par la terreur de ses bombes, l’exode de centaines de milliers de civils (ça aussi, c’est du terrorisme).
Je le cite à comparaître devant le tribunal de l’Histoire qui sait, lui, juger les crimes et les condamner.

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