Dan Haloutz, le général m’as-tu-vu

Publié le 6 août 2006 Lecture : 2 minutes.

« Ce qui s’est passé ne m’empêche pas de dormir sur mes deux oreilles. » C’est la réponse du général Dan Haloutz aux organisations humanitaires et aux militants de la gauche israélienne qui lui reprochaient, en juillet 2002, d’avoir délibérément provoqué un « carnage » de civils palestiniens. Quelques jours plus tôt, un F-16 de l’armée de l’air, à l’époque sous le commandement du général, avait lancé un missile de 1 tonne sur un immeuble situé dans un quartier résidentiel de Gaza. Objectif : Salah Chahadé, chef de la branche armée du Hamas, qui sera tué. Et avec lui tous les habitants du bâtiment, quinze personnes au total.
Marié et père de trois enfants, Haloutz, 58 ans, est issu d’une famille de juifs iraniens. Diplômé en économie, il intègre l’aviation en 1966, participe à la guerre d’usure avec l’Égypte (1969-1971) et à la guerre de Kippour d’octobre 1973 avant de quitter Tsahal pour tenter de se recycler dans les affaires. Apparemment sans succès, puisqu’il réintègre l’armée lors de l’invasion du Liban, en 1982. Ses états de services sont remarquables. Mais son ascension au sein du haut commandement ne commence vraiment qu’en 2000, avec sa nomination à la tête de l’armée de l’air. C’est son rôle dans la répression de la seconde Intifada, déclenchée la même année, qui lui vaut l’admiration d’une bonne partie de l’establishment israélien. Dès les premiers jours du soulèvement, Haloutz prône la méthode des « attentats ciblés » contre les dirigeants de la résistance et l’usage intensif de l’aviation. Il instaure une parfaite coordination avec le Shabak, les services intérieurs. Ces derniers localisent « la cible », transmettent l’information aux pilotes, qui, quelques minutes après, passent à l’action.

Reste que les méthodes de Haloutz ont souvent été l’objet de critiques acerbes, en Israël et ailleurs, en raison de leur « excessive brutalité ». Les ONG israéliennes La Paix maintenant et Il y a des limites ont à maintes reprises dénoncé « les crimes de guerre » contre les civils palestiniens dont il était, à tout le moins, l’instigateur. Haloutz a dû même faire face, en septembre 2003, à des remous au sein de l’armée de l’air ; 27 pilotes lui avaient alors annoncé leur refus d’exécuter « ses » attentats ciblés. Plus tard, à Londres, une plainte sera déposée contre lui par des Palestiniens soutenus par des ONG britanniques.
Tout cela ne l’a cependant pas affecté, et il a continué à bénéficier du soutien du ministre de la Défense, Shaul Mofaz, et du Premier ministre, Ariel Sharon. En mars 2004, il est promu chef d’état-major adjoint avant d’être nommé chef d’état-major en février 2005. La disparition de Sharon de la scène politique n’a pas affaibli le patron de l’armée. Le nouveau Premier ministre, Ehoud Olmert, et son ministre de la Défense, Amir Peretz, qui n’ont aucune expérience militaire, lui ont, en effet, donné carte blanche. Ambitieux homme de droite, Haloutz, qui enchaîne, depuis le début de la guerre au Liban, les apparitions dans les médias, semble vouloir en profiter pour conforter son image de « premier ministrable » et de « digne » successeur d’Ariel Sharon.

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