Ouaga new-look
Les projets se multiplient dans la capitale, mais le réseau routier national se dégrade.
Situé au cur de l’Afrique de l’Ouest, le Burkina veut devenir la plaque tournante économique de la sous-région. En clair, faire de son enclavement un atout Un objectif qui nécessite la construction d’infrastructures immobilières, routières et ferroviaires. La capitale fait actuellement l’objet de deux grands programmes d’aménagement, Ouaga 2000 et la construction d’une Zone d’activités commerciales et administratives (Zaca) auxquels s’ajoute le déplacement de l’aéroport international de Ouaga à une trentaine de kilomètres au nord, à Donsin.
Initié en 1991 en vue de désengorger la capitale, Ouaga 2000 est aujourd’hui bien avancé. Conçu comme une ville autonome de 700 ha au sud-est de Ouagadougou, ses promoteurs ont voulu en faire un quartier résidentiel de standing en même temps que le nouveau cur de la vie institutionnelle burkinabè. Outre la présidence du Faso qui y a déjà partiellement emménagé, la zone accueille déjà plusieurs ministères, dont celui de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques. Villas, hôtel de luxe, centre de conférences internationales, palais omnisports et ambassades sortent également de terre.
Les 200 ha du projet Zaca situés dans le prolongement de l’avenue Kwame-Nkrumah, les « Champs-Élysées » ouagalais, rencontrent en revanche plus de difficultés à voir naître les premières réalisations. La réhabilitation du marché central Rood Woko a certes commencé en avril 2006, mais les travaux de voierie, préalables à la construction d’une galerie commerciale, de cinémas, d’un centre culturel, d’un hôtel 5 étoiles, ainsi que de plusieurs immeubles de prestige n’ont commencé que le 12 février dernier. À l’origine de ce retard : des problèmes d’expropriation des anciens habitants de la zone, mais aussi, sans doute, le financement de l’opération, dont le coût est estimé à un peu plus de 40 milliards de F CFA (61 millions d’euros). Quant au nouvel aéroport de la ville, il doit voir le jour à l’horizon 2015.
Si ces projets font la fierté des autorités, les Burkinabè témoignent d’un enthousiasme plus modéré. L’impression que la capitale est privilégiée au détriment du reste du pays est parfois évoquée. Malgré la mise en place d’un deuxième programme sectoriel des transports (PST 2) destiné à améliorer l’entretien et à développer le réseau routier, le pays ne compte toujours qu’un peu plus de 2 400 km de routes bitumées sur près de 15 300 km de routes classées. Le désenclavement reste donc une priorité et nécessite de poursuivre les efforts entrepris, d’autant que l’intensification du trafic de camions pour atteindre les ports de Lomé (Togo), Téma (Ghana) et Cotonou (Bénin), à la suite de la fermeture de l’accès au port d’Abidjan dès le début de la crise ivoirienne en 2002, a accéléré la dégradation du réseau. Plusieurs projets de voies bitumées vont néanmoins voir le jour. Du côté du réseau ferré, là aussi, tout reste à faire, ou presque. Le Burkina ne compte qu’une seule ligne ferroviaire de 1 156 km de long, qui relie Kaya à Abidjan, via Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Deux projets d’extension sont envisagés. Il s’agit d’une part de prolonger la ligne existante vers Tambao, au nord, où se trouve un important gisement de manganèse, et de créer une interconnexion avec le réseau ghanéen pour relier Ouagadougou à Accra, via Koumassi.
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